Accueil » Tunisie : le combat contre le Covid-19 doit être mieux organisé

Tunisie : le combat contre le Covid-19 doit être mieux organisé

La Tunisie vit l’une des périodes les plus sombres de son histoire contemporaine. Elle est en situation de guerre. Non pas contre un pays, ni un groupe terroriste mais contre une nouvelle entité imprévisible : un virus. Mais elle ne s’y prend pas de la meilleure manière possible, semblant même dépassée par l’ampleur de la tâche.

Par Dr Wassim Chatty *

Jour après jour, ce virus ne cesse de répandre souffrances et morts, partout où il passe. Chaque jour, nous avons une moyenne de 7000 à 8000 nouveaux cas diagnostiqués et plus de 100 décès. Hier, 9 juillet on a même approché dangereusement les 200. Je pense qu’on ne saisit pas tous, malheureusement, la gravité de tels chiffres, puisqu’ils n’ont pas l’air de choquer tout le monde. Les victimes sont pourtant des pères, des mères, des enfants, des amis…, qui vivent leurs derniers instants, sous nos yeux impuissants, laissant derrière eux des personnes qui les aimaient, incrédules, choqués et bouleversés.

Evitons l’effondrement de l’hôpital public !

L’hôpital public, qui déjà souffrait d’un manque cruel de moyens, est en situation d’effondrement ou presque : il ne tient que par la volonté, le travail acharné et le don de soi du cadre médical et paramédical. Sans ces derniers, le bilan des morts serait bien plus élevé. Mais ils sont exténués, dégoûtés et ne pourront pas tenir bien plus longtemps.

L’Etat, pour contrôler cette épidémie, a pris certaines mesures de prévention qu’il n’a pas réussi à faire appliquer, étant faible, et a surtout compté sur le respect du protocole sanitaire par le peuple. Il s’est avéré que, malheureusement, une partie des citoyens s’est montrée immature en ne respectant ni le port du masque, ni les gestes barrières, pensant que la mort par le Covid-19 n’arriverait qu’aux autres. Nous sommes en train de le payer très cher.

Que faire maintenant pour sauver ce qui peut encore être sauvé? Je préconise, pour ma part: un confinement général strict d’une durée minimale de 4 semaines, en donnant tous les moyens logistiques et légaux à la police et à l’armée pour le faire respecter; et une aide aux familles pauvres qui n’ont pas les moyens de vivre sans travailler pendant la durée du confinement. Malgré la crise des finances publiques, l’Etat a les moyens de garantir une pareille aide. Car nous sommes en guerre et notre économie doit viser cet objectif primordial : venir au bout de la pandémie pour espérer une reprise normale des activités.

Les mesures annoncées doivent être appliquées

Je propose aussi de :

– réorienter les fonds alloués pour les manifestations culturelles, artistiques, sportives de cette année et les allouer à cette aide;

– prélever 5 à 10% du salaire des fonctionnaires publics payés au-dessus d’un certain montant;

– interdire les coupures d’électricité, d’eau et de gaz pendant toute la durée du confinement voir quelques semaines après;

– suspendre le paiement des crédits et des loyers pendant toute la durée du confinement;

– donner à l’hôpital les moyens de soigner les malades : il faut pour cela recruter plus de cadres médicaux et paramédicaux, augmenter le nombre de lits à oxygène et de réanimation, même si cela doit nécessiter de réquisitionner les lits d’autres services en annulant leurs activités non urgentes;
les personnes travaillant à l’hôpital ne demandant d’ailleurs pas d’augmentations salariales, mais seulement l’amélioration de leurs conditions de travail, pour qu’ils puissent mieux prendre en charge les malades;

– accélérer le rythme de la vaccination pendant le confinement et après.

Nous savons tous que la vaccination est notre salut, car elle diminue les contaminations, les cas graves, les hospitalisations et surtout les décès.

Sachant que seule la vaccination de 80% de la population nous permettra de sortir de cette crise, nous devons accélérer le rythme de la vaccination en faisant en sorte que les hôpitaux s’en occupent aussi prioritairement, tout en assurant le traitement des cas urgents et semi urgents.

Last but not least, pour sortir de cette crise , l’Etat doit être fort pour faire respecter la loi par la force s’il le faut.

De son côté, le peuple tunisien doit être conscient de la gravité de la situation, respecter les consignes du gouvernement, se faire vacciner et appliquer les gestes barrières.

Seuls un Etat fort et juste et un peuple conscient et mature pourront nous faire gagner cette guerre cruelle contre un virus aussi dangereux.

* Médecin résident en orthopédie traumatologie. 

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.