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VIe Baromètre arabe : focus sur le rapport Tunisie


Nous publions ci-dessous la traduction française des principales conclusions de l’enquête réalisée par le 6e Arab Barometer portant sur la Tunisie et dont les résultats ont été publiés le 5 octobre 2021. L’enquête a été réalisée par téléphone auprès d’un échantillon de 3 208 citoyens tunisiens et a porté sur l’évolution des opinions des Tunisiens pendant la période de la pandémie de Covid entre mars 2020 et juillet 2021, et explique l’accueil favorable des Tunisiens de l’annonce des «mesures exceptionnelles» par le président Kaïs Saïed et sa détermination à transformer le système politique.

Les événements politiques du 25 juillet 2021 en Tunisie n’étaient pas tout à fait inattendus compte tenu des défis actuels du pays sur plusieurs fronts. La détérioration économique combinée au nombre élevé de décès dus à la pandémie de Covid, à l’incapacité du système politique à résoudre les problèmes fondamentaux auxquels les Tunisiens ordinaires sont confrontés, à l’échec à mettre en œuvre les réformes nécessaires durant la décennie écoulée… Tout cela a produit une situation où de nombreux Tunisiens ont célébré un grand changement dans le système politique.

Les résultats des enquêtes du Baromètre arabe montrent à quel point les Tunisiens sont frustrés par la performance de leur gouvernement. Cela a été montré par les trois enquêtes menées entre juillet 2020 et mars 2021, où la tendance à la baisse est claire.

L’été dernier, avant que la Tunisie ne connaisse un nombre important d’infections au Covid, les citoyens étaient relativement satisfaits de la gestion de la crise par le gouvernement, dont la performance, en ce qui concerne ce problème, était relativement élevée, en particulier par rapport aux épidémies majeures qui avaient ravagé des pays comme les États-Unis, l’Italie et l’Espagne à l’époque.

La crise économique en tête des préoccupations

Pourtant, alors que les première et deuxième vagues de la pandémie frappaient la Tunisie, les citoyens ont commencé à perdre confiance en leur gouvernement et en sa capacité à gérer la crise de la santé publique. Les opinions favorables sur la gestion de la crise par le gouvernement ont chuté de 34 points entre juillet et octobre 2020 et n’ont que légèrement repris en mars 2021, peu avant le début de la plus grande vague d’infections ayant frappé la Tunisie à ce jour. Certes, le taux de satisfaction du traitement de la crise par le gouvernement a encore diminué après cette enquête.

Les sondages montrent clairement que les Tunisiens sont profondément préoccupés par la propagation du Covid, mais cela n’a pas été leur principale préoccupation au cours de la dernière année. Dans aucun des trois sondages, les inquiétudes concernant la Covid ne dépassaient celles concernant la situation économique du pays. En octobre 2020, lors d’une vague d’infections, un pourcentage égal de Tunisiens étaient principalement préoccupés par le Covid et l’économie.

Cependant, dans les enquêtes de juillet 2020 et mars 2021, les inquiétudes concernant l’économie était bien plus élevée que pour le Covid. Cela est dû au fait que moins qu’un Tunisien sur dix juge les conditions économiques bonnes, tendance qui a continué baisser au cours de la dernière décennie.

Le défi du Covid a également aggravé la situation économique.

Les enquêtes du Baromètre arabe montrent clairement que les citoyens perçoivent une augmentation des inégalités dues à la pandémie. La plupart conviennent que les effets du Covid ont été significativement plus importantes chez les pauvres et les autres groupes défavorisés comme les migrants. De même, les effets sur l’emploi semblent être plus importants pour les plus pauvres que pour les plus aisés de la société.

La situation a également affecté les opinions sur les systèmes d’éducation et de soins de santé.
Alors que le Covid a créé un situation de stress dans les hôpitaux et que l’année scolaire a été affectée, les citoyens ont été moins susceptibles d’évaluer l’un ou l’autre système comme bon en mars 2021 par rapport à juillet 2020.

Augmentation des craintes sur les droits civils fondamentaux

Pendant ce temps, de nombreux citoyens craignent que leurs droits civils fondamentaux ne soient pas garantis. Bien que leurs droits fondamentaux soient inscrits dans la constitution, la moitié disent que la capacité de manifester pacifiquement n’est pas garantie. En partie, cela peut être dus aux restrictions de rassemblement mises en place pour limiter la propagation du Covid.

Cependant, les violentes répressions policières contre les manifestants avaient commencé avant même que la pandémie ne joue probablement également un rôle.

Il sera difficile de répondre aux innombrables préoccupations des Tunisiens, mais les sondages soulignent également certains des défis particuliers auxquels sont confrontées les femmes.

Le problème permanent demeure le taux de participation relativement faible de la main-d’œuvre féminine en Tunisie et dans la région Mena en général.

Le baromètre démontre que plutôt que des barrières culturelles, les Tunisiens pensent que les limitations les plus importantes à l’entrée des femmes sur le marché du travail sont l’insuffisance des transports et le manque de garderies d’enfants, ainsi que les salaires relativement bas.

Dans les affaires mondiales, les Tunisiens ont une opinion positive d’un certain nombre de pays étrangers, en particulier l’Allemagne, la Chine et la Turquie. Cependant, pour certaines questions, l’Allemagne est clairement la mieux cotée. Les opinions sur les États-Unis et la France sont moins positifs, mais elles sont plus positifs que pour l’Arabie saoudite ou l’Iran.

Ce sont parmi les principales conclusions de trois enquêtes téléphoniques réalisées en Tunisie au cours de l’année 2020-2021.

Les résultats de l’Arab Barometer sont accessibles en arabe et en anglais sur le lien suivant.

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