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Humeur : Je n’aime pas les maths ! Ah quelle horreur !

Dans notre belle Tunisie révolutionnaire, où les mathématiques sont aussi fourbes que la politique, les droites parallèles se courbent, se tortillent et s’entrelacent jusqu’à plonger le pays dans le néant et la Terre dans la platitude…

Par Raouf Laroussi *

Je n’aime pas les maths ! Ah quelle horreur ! Qu’elles ont allongé mes nuits à la recherche d’une inconnue qui, en plus, parfois, s’avérait être nulle. Nulle. Zéro. Oui ce fameux zéro que l’humanité a peiné à découvrir ! Zéro. Le néant. Rien.

C’est difficile d’imaginer un rien. C’est vrai qu’un zéro ne change rien quand on l’ajoute. Il existe donc par sa neutralité. Mais il devient très fort quand il frappe ou «yadhrab», traduction arabe de «multiplie»… Quand il frappe, il annule tout ! Et on en sait quelque chose dans notre belle Tunisie révolutionnaire!

Ah ce zéro, l’humanité a tant peiné pour le voir et c’est, semble-t-il, en Inde et chez les Arabes qu’il est né et qu’il a grandi avant de passer à la civilisation occidentale… Et puis une fois la pilule zéro avalée, Pythagore et Thalès vous braquent au lycée ! Les droites parallèles qui ne se croisent jamais, ou alors à l’infini, si vous y tenez, Thalès en a besoin… Alors que Pythagore exige des droites perpendiculaires… Il faut savoir les imaginer, même si l’on peut encore coucher tout ça sur une feuille de papier… Et encore, ce n’est là que le monde d’Euclide… Oui, un autre, plus méchant, a eu l’idée de tordre le cou à la géométrie d’Euclide.

Je n’aime pas les maths ! Je ne t’aime pas Riemann! Je suis bien avec mes droites parallèles, pourquoi tu les courbes pour les faire croiser?! Il est vrai qu’on te trouve, sur un tout autre terrain, dans notre belle Tunisie révolutionnaire, une application concrète où les parallèles s’entrelacent jusqu’à plonger le pays dans le néant et la Terre dans la platitude… Mais passons !

Je n’aime pas les maths ! Plus tard, si vous n’aimez toujours pas les maths, vous risquez de tomber nez à nez avec les Equations aux dérivées partielles (EDP). Là, il n’y a qu’un seul recours dans ce pays. Un grand professeur à la Faculté des sciences de Tunis (FST), un ami à moi et ami des maths, le méchant ! Et spécialiste de ces bêtes-là. Il les connait aussi bien que ses enfants…

Et puis, pour votre information, les maths ont trouvé le moyen de contribuer à la création de ces machines qui calculent et qu’on appelle ordinateurs, pour en devenir, en retour, un consommateur et résoudre ainsi les équations aux dérivées partielles de plus en plus complexes de mon ami de la FST ! Ah le méchant ! Il a trouvé d’autres méchants chez sa voisine, l’Ecole nationale d’ingénieurs de Tunis (Enit), qui prennent du plaisir à les transformer en algorithmes pour les faire communiquer avec les machines et pondre de solutions ! Tout cela sert, semble-t-il, à résoudre des problèmes de la vie courante… comme prendre l’avion en toute sécurité, construire des ponts ou gérer les ressources énergétiques et les ressources en eau. Eh oui, sans EDP et sans algorithmes, pas d’électricité ni d’eau au robinet, mon cheikh!

Et puis les maths sont aussi dans les réseaux et dans les réseaux sociaux… bien cachées, bien sûr, pour ne pas effaroucher les instagrammeurs et les instagrammeuses… mais bien là.

Google aussi fait des maths pour traiter les données massives collectées partout dans le monde, les fameuses big data.

Les maths, pour ce faire, copient et transcendent nos capacités toutes humaines, en enfantant une intelligence artificielle capable de détecter une aiguille dans une montagne de foin !

Ah les mathématiques ! Ah la mathématique ! Je ne l’aime pas ?! Je ne l’aime pas au point de m’avoir réfugié chez elle, à la FST, abandonnant sans regret Monastir et les études médicales… Et d’y rencontrer le méchant, ami des EDP !

* Universitaire.

Article du même auteur dans Kapitalis :

En marge de la Foire du livre de Tunis : Je n’aime pas les livres !

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