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Démocratie de l’absurde en Tunisie : de l’euphorie à la dysphorie 

En une décennie de «démocratisation de l’absurde», l’humeur collective des Tunisiens oscille inlassablement entre deux sensations, celles de l’euphorie et de la dysphorie! Cet état de confusion a deux déclinaisons, l’une politique et l’autre… psychiatrique.

Par Mahjoub Lotfi Belhedi *

Sous un ciel brumeux et incertain

Inconstestablement, le tournant sismique du 14 janvier 2011 constitue l’archétype même des interactions pathogènes du couple inséparable euphorie/dysphorie !

En effet, à cette date, le baromètre euphorique avait atteint son paroxysme, la sensation collective d’un futur meilleur était á son apogée, un tusnami d’attentes et de revendications surréalistes remonte violemment en surface… Bref, une cérémonie fantasmagorique d’euphorie a envahi tous les sentiers battus ou aménagés de l’action politique!

Plus tard, la dysphorie a pris progressivement les devants, la précarisation de toute une société devient la règle, la mélancolie générale et généralisée s’est rapidement installée et les «sujets» d’hier se sont seulement convertis en «pseudo-citoyens» dans la grande cour des nouveaux maîtres !

Un certain 25 juillet 2021 vient de s’éclairer, une opportunité de repéchage s’annonce qui s’est rapidement entraînée au fond des abysses du décret du 22 septembre/2021!

Recurrence d’histoire oblige, le cycle euphorie/dysphorie redémarre, désormais, en force sous un ciel brumeux et incertain.

Sous l’emprise du démon

Par analogie, ce qui s’est passé durant toute cette décennie n’est pas trop loin des «troubles bipolaire» autrefois appelés «psychose maniaco-dépressive», parfaitement incarnés, selon des études empiriques et des constats cliniques, par une large partie de notre population (toutes tranches d’âges et catégories socio-professionnelles confondues)!

Selon les spécialistes en psychiatrie «ces troubles sont appelés bipolaires parce qu’ils présentent une phase maniaque et une phase dépressive. En phase maniaque, la personne est hyperactive, euphorique, a un sentiment exagéré d’estime de soi; elle est inhabituellement volubile, passe du rire aux larmes et fait beaucoup trop de projets. Dans la phase dépressive, rien ne va plus. Tout se ralentit, la personne montre des signes de grande tristesse, elle n’a goût à rien, parfois elle veut mourir. Les formes les plus sévères sont qualifiées de mélancoliques. Parfois, au contraire, l’anxiété entraîne une agitation fébrile et une incapacité à rester en place…».

De ce fait, sommes-nous condamnés à vivre sous l’emprise du démon de la «bipolarité» le reste de notre vie ? Si c’est vraiment le destin auquel nous sommes condamnés, «toute la sagesse humaine sera dans ces deux mots : attendre et espérer», selon le romancier Alexandre Dumas… Mais on peut faire mieux : nous prendre sérieusement en charge, en toute conscience et avec toute la volonté requise pour sortir du marasme où nous nous sommes nous-mêmes empêtrés. C’est le seul moyen pour reprendre pied et mettre fin à la sombre danse «maniaco-dépressive»!

* Spécialiste en réflexion stratégique.

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