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Tunisie : Kaïs Saïed, Abir Moussi et les islamistes…

Contrairement aux apparences, les véritables adversaires du président Kaïs Saïed ne sont pas les islamistes en tant que tels, car il partage leur doctrine conservatrice et aimerait ravir leurs électeurs. C’est plutôt la machine électorale du mouvement Ennahdha qu’il cherche à détruire. Ses véritables adversaires sont plutôt les Destouriens, mais pas les Destouriens en tant que tels, qu’il aimerait attirer dans son sillage, mais leur tonitruante présidente, Abir Moussi, la seule personnalité politique capable de prendre sa place dans le cœur des Tunisiens. Explications…

Par Ridha Kéfi

On peut reprocher beaucoup de choses aux militants du Parti destourien libre (PDL), sauf leur foi dans la justesse de leur combat contre l’islam politique, incarné par le mouvement des Frères musulmans et sa filiale tunisienne, Ennahdha, et leur détermination à aller jusqu’au bout de ce combat, qu’ils tirent par ailleurs de la ténacité de leur présidente, l’avocate Abir Moussi.

Qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige, les Destouriens sont toujours là, fidèles à leurs postes (vidéo). Et leur poste depuis quelque temps, ce sont les environs du siège de la filiale tunisienne de l’Union internationale des oulémas musulmans (UIOM), officine classée terroriste par de nombreux pays arabes, implantée en Tunisie par Ennahdha, financée par le Qatar et protégée par tous les gouvernements qui se sont succédé à Tunis depuis 2013, y compris celui conduit aujourd’hui par Najla Bouden, avec l’approbation active du président Kaïs Saïed que ses partisans considèrent pourtant, par une sorte d’illusion d’optique, comme le fer de lance du combat contre l’islam politique en Tunisie.

Les vrais adversaires de l’islam politique

Hier soir, samedi 31 décembre 2021, alors que les Tunisiens célébraient au chaud la fête du jour de l’an, Abir Moussi et les membres de son mouvement ont poursuivi, comme tous les soirs depuis quelque temps, leur sit-in de protestation, dans la nuit et le froid, en pleine rue, dans une artère avoisinant le siège de l’UIOM, du côté de l’avenue Kheireddine, au centre-ville de Tunis.

Par-delà cette capacité de mobilisation dont fait preuve Abir Moussi et ses lieutenants du PDL, qui parviennent à associer à leur combat un nombre grandissant chaque jour de Tunisiens, ce qui mérite d’être relevé et salué, c’est cette foi dans la justesse de ce combat et la ténacité dans l’engagement de chacun au service du collectif, au mépris des soucis et des problèmes personnels, et malgré l’indifférence coupable des médias à leur égard, ce qui force vraiment le respect et suscite l’admiration.

A la différence des dirigeants de tous les autres partis, des salonnards endurcis qui préfèrent les plateaux de télévision et les studios des radios au contact direct avec la population, Abir Moussi et ses lieutenants sont toujours là, fidèles à leurs postes, donnant de la voix et interpellant la conscience de leurs compatriotes, les alertant contre les dangers qu’ils encourent en montrant de l’indulgence à l’égard des officines comme l’UIOM aux financements occultes et aux desseins louches, qui, à travers le radicalisme religieux qu’elles alimentent à coups de millions de dollars distribués aux quatre coins du pays, sont en train de former de véritables bombes humaines prêtes à exploser à la figure de leurs paisibles concitoyens.

Kaïs Saïed, ses adversaires et ses groupies

Le fait que Kaïs Saïed, dont l’idéologie islamiste est un secret de polichinelle (n’a-t-il pas été porté au second tour de la présidentielle par les électeurs d’Ennahdha et de la coalition Al-Karama?), soit totalement sourd aux appels de Mme Moussi et de ses partisans et qu’il continue d’afficher une inexplicable complaisance à l’égard de ces dangereuses boîtes d’allumettes, ne fait qu’ajouter du crédit au combat des militants du PDL et souligner son urgence aux yeux des Tunisiens, qui d’ailleurs sont depuis plusieurs mois une majorité à plébisciter ces militants de terrain, qui ne rechignent pas à l’effort et montrent une rare détermination dans leur lutte contre l’islam politique.

Le résultat de cet engagement sans faille se passe de tout commentaire : le PDL est, depuis de nombreux mois, en tête des intentions de vote pour les législatives, très loin devant tous les autres partis, et sa tonitruante présidente est la seule personnalité politique pouvant jouer à armes égales avec le président Saïed. Ce qui explique d’ailleurs pourquoi ce dernier montre-t-il davantage de complaisance à l’égard des islamistes, ses faux ennemis, et davantage de détermination à combattre les Destouriens, qui sont, finalement et en dépit des apparences, ses… véritables adversaires en perspective des prochaines élections. Et cela, on n’a pas cessé d’en avoir la preuve, malgré l’aveuglement des moutons de panurge que Kaïs Saïed mène en bateau… pour combien de temps encore ?

Vidéo.

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