Accueil » Salem Labiadh : «Kaïs Saïed a été induit en erreur»

Salem Labiadh : «Kaïs Saïed a été induit en erreur»

Salem Labiadh: Quelle idée de troquer la légalité électorale pour la légitimité populaire!

Les temps sont très durs pour le chef de l’Etat. Son projet de démocratie participative est vraiment à la peine. Pour Salem Labiadh, dirigeant du Mouvement du peuple (Echaab), «Kaïs Saïed n’aurait jamais dû faire ce choix de l’organisation de la Consultation nationale. Il l’a voulu. A présent, il l’a…». D’ailleurs, selon l’ancien ministre de l’Education, cette question figurera, en bonne place, parmi les dossiers qui seront soumis à l’évaluation lors des travaux du IIe Congrès d’Echaab (24/27 mars 2022).

Par Moncef Dhambri

Le parti d’Echaab tient, à partir d’aujourd’hui, jeudi 24 mars, et jusqu’à dimanche 27 mars, son deuxième congrès national -le premier ayant eu lieu en 2017. Invité hier, mercredi 23 mars 2022, de ‘Rendez-vous 9‘ de la chaine privée Attessia, Salem Labiadh s’est félicité de cette régularité de la tenue des conférences de son mouvement: «Nous tirons fierté de cela. Vous ne trouverez pas cela chez les autres… chez les 250 autres formations politiques. Certes, l’assassinat de notre dirigeant Mohamed Brahmi [le 25 juillet 2013, ndlr] nous a profondément ébranlés. Dieu merci, nous avons surmonté cette dure épreuve, nous sommes toujours là et en bonne forme pour la suite».

L’heure de l’évaluation est venue

Interrogé sur les préparatifs et sur les thèmes que les congressistes nationalistes aborderont, pendant ces quatre jours de leur conférence, Salem Labiadh a fondu sur la proie de la Consultation nationale: «Etant donné que les choses se passent dans le contexte exceptionnel que vous connaissez, le bilan de ce qui s’est passé pendant les sept derniers mois occupera une bonne partie de la réflexion de mes camarades congressistes. C’est une évidence, car nous avons soutenu cette idée du 25 juillet 2022. C’était donc une sorte d’engagement aux côtés du chef de l’Etat. Eh bien là, il s’agit pour nous d’évaluer cette démarche.»

Sans vouloir impliquer ses camarades congressistes d’Echaab, et sur un ton qui se voulait neutre, Salem Labiadh décoche une première flèche: «Ceci n’engage que ma personne -et j’écouterai avec beaucoup d’attention mes camarades du Congrès. A mon avis, Kaïs Saïed a fait un mauvais choix. Là, il doit assumer l’échec de ce qu’il a entrepris de faire. Il avait une légitimité électorale incontestable de plus de 72% – vous vous rendez compte, 2.777.000 voix à la présidentielle de 2019. Et c’est lui qui a décidé de soumettre cette légitimité à l’épreuve sociale. Personne ne lui a imposé ce choix. C’est lui-même, et lui seul, qui a choisi de prendre ce pari et d’y investir beaucoup. Beaucoup trop. Il n’y a qu’à voir les spots publicitaires diffusés par la télévision nationale…»

Troquer la légalité électorale contre la légitimité populaire

Toujours sur le même ton de pédagogue, Dr Labiadh poursuit sa démonstration et assène: «Vous vous rendez compte du désastre de cette initiative: 7% du public ciblé et 5% des électeurs ont pris la peine d’y participer. Quelle idée de troquer une excellente légalité électorale contre une minable légitimité populaire de 5%!»

Le dirigeant d’Echaab s’insurge: «Il n’y a là aucune clairvoyance politique! Je suis sûr qu’il a été mal conseillé -je ne veux pas aller jusqu’à utiliser la tristement célèbre formule [de feu Zine El-Abidine Ben Ali, ndlr] qui dit ‘ils m’ont induit en erreur’.»

M. Labiadh, à quoi jouez-vous là ? Chez nous, on appelle la connerie par son nom: le Chevalier d’El-Mnihla, les béni-oui-oui qui l’entourent et son «peuple [qui] veut» se sont tous plantés comme des amateurs dont nous ne voulons plus –ni d’eux, ni de leurs lubies. Ils ont assez fait «mumuse» comme ça!

A la fin de son interview, le dirigeant d’Echaab a souhaité adresser un message direct au locataire du Palais de Carthage: «Monsieur le Président, ayez la mansuétude de prêter attention à l’injustice dont souffrent 100 à 120 députés dont les activités sont gelées. Ces personnes, nos compatriotes sont privés de leurs droits les plus élémentaires en tant que citoyens tunisiens. Ils ne reçoivent pas de salaire et ils n’ont pas droit à une couverture sociale. C’est injuste», conclut Salem Labiadh.

Le IIe Congrès d’Echaab risque fort bien d’être celui de la séparation définitive et entière entre cette formation politique et le Chevalier d’El-Mnihla…

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.