«Une édition couronnée de succès !», estime la direction du Festival de la Médina qui a eu lieu du 7 au 25 avril 2022, durant le mois de Ramadan, dans différents espaces culturels de Tunis, notamment au Théâtre municipal et à la Cité de la Culture.
Comme à l’accoutumée, le Festival de la Médina se caractérise par sa composante musicale et la diversité des artistes. Entre les espaces de la médina et le Théâtre municipal, plusieurs artistes ont donné toutes ses couleurs à la trente-huitième édition de notre festival du mois de Ramadan.
Très éclectique, adossé à la grande soirée Lotfi Bouchnak à la Cité de la culture, le programme de la trente-huitième édition du Festival de la médina se caractérise par la qualité des artistes émergents invités et la diversité des styles musicaux. Musique spirituelle, opérettes, chorales traditionnelles, jazz, artistes néotraditionnels et jeunes virtuoses sont ainsi à l’honneur.
Avec la Rachidia, une ouverture sur le mode majeur
Le jeudi 7 avril, le Théâtre municipal a accueilli la Rachidia pour l’ouverture du trente-huitième festival de la médina. Forte en symboles, cette soirée a donné à l’Institut de musique classique tunisienne, l’occasion de démontrer une nouvelle fois sa popularité.
Fondée en 1934, la Rachidia est non seulement le havre du malouf de la tradition mais aussi la plus ancienne formation musicale de ce style musical dans le monde arabe. Une nouvelle fois, le chœur, l’ensemble orchestral et les solistes ont permis au public de mesurer l’étendue d’un répertoire dont certaines pièces remontent au seizième siècle. Ancrée dans l’espace de la convention et ouverte aux arrangements les plus innovants, la Rachidia est l’histoire d’un long passage de témoin entre générations mélomanes.
La soirée d’ouverture du Festival de la médina est venue à point pour rappeler cette vocation et souligner combien le patrimoine mis en mouvement par la Rachidia est cher au cœur de tous les Tunisiens.
Chant spirituel et legs musical
Le Festival de la médina a souvent été défini comme un espace de la fidélité à la tradition musicale tunisienne dans ses diverses facettes. Cette identité fondamentale était au centre de cette trente-huitième édition qui décline toutes les constantes musicales qui font la popularité du festival.
Ainsi, le chant spirituel était à l’honneur avec la Soulamiya de Beni Khiar le 15 avril à Dar Lasram. La chanson tunisienne était pour sa part bien présente grâce à deux soirées très attendues.
D’une part, le Club Fathia Khairi avec un récital le 16 avril à Dar Lasram et un bouquet de chansons connues de tous. D’autre part, Jamel Chabbi a mis à l’honneur les mélodies tunisiennes de la belle époque dans un spectacle musical donné le 13 avril à Bir Lahjar. La chanson tunisienne était également mise en exergue grâce à la soirée organisée le 9 avril en hommage à Mohsen Rais dans le patio de Dar Lasram. Animée par Nouha Rhaiem avec la complicité du maestro Naoufel Bourass, cette soirée est revenue sur un répertoire peu connu des jeunes et pourtant essentiel dans la tradition tunisienne.
Les autres espaces de la médina ont quant à eux été sollicités avec trois soirées à Bir Lahjar, une soirée unique au Club Tahar Haddad. Hormis la soirée artistique à la place Bab Souika, le reste des programmes s’est déroulé au Théâtre municipal sollicité à trois reprises et à la Cité de la culture pour le concert de Lotfi Bouchnak.
La part de la musique classique
La musique classique occidentale était présente à travers deux concerts qui ont drainé les mélomanes tournés vers cette tradition musicale.
Dès sa deuxième soirée, le 8 avril au Club Tahar Haddad, le festival a proposé de découvrir une formation encore peu connue mais dont on dit le plus grand bien. Il s’agit d’un ensemble instrumental qui comprend quatre violoncelles et a été créé en 2020. Avec virtuosité et emphase, le Quatuor Cello a donné un récital qui promet avec une vaste panoplie de compositions de tous les horizons.
Toujours dans ce domaine du classique, la formation N’Art Band est composée de jeunes étudiants de plusieurs instituts supérieurs de musique. Ces artistes en formation se sont rassemblés pour partager leur bonheur de jouer un répertoire tunisien, maghrébin et méditerranéen avec des instruments de tradition occidentale. Un métissage engageant et des arrangements inédits que le public a pu apprécier le 14 avril à Dar Lasram.
De Chirine Lejmi à Mongia Yahia
La jeune Chirine Lejmi a vécu une belle aventure sur les planches du Théâtre municipal, le 19 avril. Entre chansons du passé et rythmes actuels, elle a trouvé une voie passante en faisant la part belle au tarab. Avec des textes d’auteurs et des compositions variées, Chirine Lejmi est allée à la conquête du public en se produisant pour la première fois à la Bonbonnière.
Comme de coutume, la place Bab Souika était l’épicentre d’une fête populaire dans l’espace public. C’est Mongia Yahia qui a animé ce show à l’enseigne de Mon Spectacle Cafichanta. La danse folklorique tunisienne, les chansons traditionnelles, le flamenco, l’humour et le jeu seront à l’honneur pour cette soirée grand public qui a eu lieu le 22 avril à Bab Souika, bastion des fêtes foraines du Ramadan d’antan.
Artistes émergents et recherches musicales
Quatre formations de la scène musicale émergente étaient sur scène pour cette édition du festival. Chacun dans son style particulier, ces ensembles donnent une idée sur la diversité des courants musicaux qui traversent la scène tunisienne actuelle.
Le projet Kantara a ouvert le bal avec une soirée qui trouve ses racines dans la musique andalouse. Construisant des ponts entre Tunisie et Andalousie, cette soirée a eu lieu le 10 avril à Bir Lahjar et mis en avant le talent inné de Chiraz Jaziri et de plusieurs musiciens rassemblés autour de ce projet Kantara.
Plutôt jazzy dans ses choix, Zied Fatnassi et son quintet ont élaboré le projet Dorra présenté le 23 avril à Dar Lasram. Dans ce voyage musical, les musiciens ont invité le public à retrouver les parfums de la médina, la nostalgie, l’amour et la paix.
Dans un autre registre, Souheil Charni a proposé une plongée dans les traditions musicales de la région du Kef, avec pour projet de les mettre en synergie avec le jazz, le blues et le funk. Avec une approche world music, Souheil Charni donne un habillage alternatif à un patrimoine des plus connus et était le 20 avril sur la scène de Bir Lahjar.
Selon une approche similaire, Makram Lansari a développé le projet Gmari avec un groupe de musiciens tentés par les démarches néotraditionnelles. À la recherche d’un nouveau souffle et d’un sound contemporain pour le patrimoine tunisien, Makram Lansari était sur la scène du Théâtre municipal, le 25 avril, pour le concert de clôture de la trente-huitième édition du Festival de la Médina.
Communiqué
Donnez votre avis