Un vieux film franco-tunisien à Cannes grâce aux efforts de Mohamed Challouf

Le célèbre film franco-tunisien «Viva la muerte» (Vive la mort), réalisé en Tunisie, en 1971, par Fernando Arrabal, assisté par Ferid Boughedir, et produit par Hassen Daldoul et Jean Velter, a été restauré et numérisé… Fan de cinéma, cinéaste lui-même et historien de 7e art, Mohamed Challouf, qui a participé à ce projet via l’association Ciné-Sud Patrimoine qu’il préside, annonce qu’une version moderne du film sera diffusée, le 24 mai 2022, à 20h00, salle Bazin, lors du festival de Cannes 2022, dans la sélection Cannes Classics. Le film avait ouvert la Semaine de la critique, à Cannes, en 1971 et sa projection a été suivi d’une bonne critique.

Par Samir Gharbi

Ce film du réalisateur Fernando Arrabal raconte la guerre civile espagnole (1936-1939). Gagnée par le général-dictateur Franco, cette guerre a traumatisé l’Europe (qui est entrée ensuite dans le cycle de la Seconde guerre mondiale).

Des milliers de militants sont venus du monde entier pour sauver la «République espagnole» : antimonarchistes, gauchistes, anarchistes, communistes, marxistes… Ils avaient formé les fameuses «Brigades internationales»… Mais la plupart y ont perdu leur vie…

Le général Franco était soutenu par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Victorieux, il a dirigé l’Espagne d’une main de fer. Et, juste avant de mourir, il a rétabli la monarchie (1975)… Laquelle est cependant devenue symbolique (depuis 1978).

Hautement significative, la restauration de ce film en 4K à partir des négatifs originaux est aussi une prouesse technique qui a été menée à bien par la Cinémathèque de Toulouse et la participation active du réalisateur et des producteurs tunisiens du film.

Tournage à Hergla, Bizerte et Menzel-Bourguiba

«Viva la muerte» a été tourné entièrement sur le sol tunisien, sur les sites de Hergla (qui ressemble à une colline espagnole), Bizerte et Menzel-Bourguiba et avec des acteurs et du personnel technique tunisien.

Le principal acteur du film a été sélectionné lors d’un casting entre des enfants tunisiens à Tunis… Il s’appelle Mahdi Chaouch. Il avait alors 13 ans. Il joue le rôle de Fando, un jeune garçon, qui découvre que sa mère a dénoncé son père aux autorités en l’accusant d’athéisme et d’antifascisme. Déchiré entre l’amour qu’il voue à sa mère et la nostalgie du père absent, il finit par s’enfuir quand son amie vient lui apprendre que son père est vivant et qu’il a rejoint le maquis…

Mahdi Chaouch a poursuivi sa carrière d’adulte en… Chine. Il vit aujourd’hui à Paris et sera présent à Cannes le 24 mai.

Le réalisateur, Fernando Arrabbal, est né en 1932 en Espagne. C’est un «desterrado» (un exilé) vivant en France depuis 1955. On lui doit sept longs métrages (Viva la muerte !, J’irai comme un cheval fou, L’arbre de Guernica, La Traversée de la Pacific, Le Cimetière des voitures, Adieu, Babylone ! et Jorge Luis Borges). Il est également auteur d’une centaine de pièces de théâtre, de huit cent livres de poésie, quatorze romans, mais aussi de divers essais dont la célèbre Lettre au général Franco.

Dans «Viva la muerte», son premier long métrage dans lequel il est également acteur, il évoque sa propre enfance dans une Espagne déchirée par la guerre civile et le régime du général Franco.

Mohamed Challouf.

Le pari gagné de Ciné-Sud Patrimoine

Ciné-Sud Patrimoine est une association tunisienne qui œuvre pour la recherche et le développement ainsi que la valorisation et la préservation du patrimoine audiovisuel. Elle agit pour la restauration des films argentifères en collaboration avec plusieurs institutions tunisiennes et étrangères. Depuis 2015, elle organise à Sousse (courant août de chaque année) une manifestation unique en son genre appelée «Cinéma au Musée». Des anciens films sont projetés en plein air, sur l’esplanade du musée archéologique de Sousse. L’entrée gratuite et le programme de l’été 2022 (7e édition) comprend d’ores et déjà la projection de «Viva la Muerte».

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