Le président de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), Anas Hmaidi, a été content de déclarer que 99% des magistrats ont pris part à la grève générale observée lundi 6 juin 2022, pour protester contre le limogeage de 57 juges accusés de corruption et de divers crimes et délits. «C’est un taux de participation jamais atteint», s’est-il félicité dans plusieurs médias de la place.
«Des pressions ont été exercées sur les magistrats pour les dissuader de participer à la grève. Nous sommes attachés à l’unité de nos rangs», a aussi déclaré Anas Hmaidi, dont l’association avait décidé de suspendre, pendant une semaine, les activités de tous les tribunaux et ce, à partir du lundi 6 juin, en menaçant de poursuivre la grève au-delà de cette date «tant que le président de la république ne reviendra pas sur sa décision de révoquer les 57 juges», a-t-il lancé.
La réponse des autorités n’a pas tardé, puisque la présidence de la république a indiqué, dans un communiqué publié dans la soirée, à la suite d’une rencontre entre le président Kaïs Saïed et la ministre de la Justice, Leila Jaffel, que la continuité du service public est garantie par la loi et que le gouvernement va recourir aux prélèvements sur salaires des grévistes pour qu’il n’y ait pas atteinte aux intérêts des justiciables.
Ces prélèvementsn rappelons-le, sont inscrits dans les lois de la république que les juges, pas plus que les autres salariés du secteur public, sont tenus de respecter. Peuvent-ils compter, cette fois encore, sur l’indulgence des autorités publiques, qui, dans une volonté d’apaisement, recourent rarement à l’application de cette loi.
Qu’on nous permette d’en douter, car on ne voit pas comment le président Saïed pourrait accepter de céder devant le bras-de-fer que cherche à lui imposer un corps de métier qui s’est cru, jusque-là, au dessus des lois, alors qu’il est censé veiller à son respect.
I. B.
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