Les inquiétudes exprimées par les juges à propos du décret révoquant des juges et des affaires en cours, telles celles d’Instalingo et de Nama Tounes, ou encore celle de ce qu’on appelle l’organisation secrète d’Ennahdha et autres, sont au cœur d’une politique ciblant les opposants par l’assujettissement du pouvoir judiciaire, que traduit la campagne de révocation de magistrats.»
C’est ce qu’a déclaré Me Samir Dilou lors d’une conférence de presse organisée par le Front de salut national (FSN), dont il dirige la Commission des droits de l’homme, lundi 11 juillet 2022, en soulignant qu’après avoir échoué à assujettir le pouvoir judiciaire en enrôlant certains juges, l’État est passé à une autre étape, qui consiste à contourner la spécialisation juridique, comme dans l’affaire Instalingo à Sousse, alors que les suspects dans cette affaire auraient dû comparaître devant le pôle judiciaire antiterroriste ou le pôle judiciaire économique et financier, puisqu’ils sont soupçonnés de blanchiment d’argent, délit inclus dans la loi antiterroriste.
Selon l’ancien dirigeant démissionnaire d’Ennahdha, l’objectif du président de la république, Kaïs Saïed, est de mettre la main sur «ceux qui détiennent les clés de la prison», notant que les procédures, décisions et arrêts qui seront rendus dans les prochains jours contre tous les opposants politiques seront tous de nature politique, et le pouvoir judiciaire n’y jouera qu’un rôle formel. «Celui qui prendra la décision ce sera le Palais de Carthage en la personne de Kaïs Saïed via le ministre de la Justice», a-t-il déclaré.
Samir Dilou a indiqué qu’en ce qui concerne les affaires en cours, le rôle principal du parquet et du juge d’instruction, parce que c’est le parquet qui prend les décisions de mise en dépôt et ce sont les juges d’instruction qui délivrent les mandats de dépôt en prison.
Les juges qui ont été révoqués ont rejeté les instructions (émanant du pouvoir exécutif, Ndlr) dans un certain nombre de dossiers, notamment celui des 121 députés qui ont participé à la session virtuelle de la Chambre des représentants et celui l’affaire en appel de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a aussi déclaré Samir Dilou.
I. B.
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