En visite en Israël, le président Biden aux Palestiniens: «Je suis le fils d’immigrés irlandais»

La comparaison avec le destin catholiques irlandais émigrés aux Etats-Unis que le président Joe Biden a fait lors de sa visite à Jérusalem est intéressante parce qu’elle dit que d’autres peuples ont vécu des situations semblables à celles du peuple palestinien, parfois bien plus longtemps, et qu’en fin de compte, avec le temps les choses ont fini par s’arranger.

Par Dr Mounir Hanablia *

L’hôpital palestinien Victoria Augusta à Jérusalem-Est est celui-là même qui avait accueilli la dépouille de la journaliste palestinienne assassinée par des soldats israéliens, Shirine Abu Akleh, et devant lequel, lors du départ du cortège funéraire, les porteurs du cercueil frappé de la croix avaient été bastonnés et copieusement gazés au point de le faire choir, par la police israélienne qui avait visiblement reçu l’ordre de confisquer les nombreux drapeaux palestiniens déployés ce jour-là.

En agissant ainsi les autorités israéliennes avaient tenu le jour de l’enterrement à démontrer au monde que Jérusalem était la capitale du seul Etat juif et qu’aucune présence politique palestinienne n’y serait tolérée.

Le président américain Joe Biden, lors de son séjour israélien, s’est rendu dans cet hôpital et aucun drapeau palestinien, américain, ou israélien, n’y figuraient pour la cérémonie d’accueil lorsque l’administrateur palestinien de l’hôpital a cité les activités de l’institution, ses besoins, son rôle, ainsi que les aspirations des Palestiniens à la justice et à la liberté.

La réponse du président a été tellement sibylline qu’elle est presque passée inaperçue. Il a rappelé qu’il était lui-même un catholique originaire d’Irlande, et qu’en tant que tel, il comprenait parfaitement la situation difficile que vivaient les Palestiniens, qui en Irlande avait duré 400 ans.

Il a aussi décrit son attachement à son pays d’origine en citant les poèmes que pendant des années, il continuait de lire au point de susciter les sarcasmes de ses collègues du Congrès et du Sénat américains.

Pas de condamnation de la colonisation juive

Il a également évoqué tous les problèmes de santé aux conséquences parfois dramatiques auxquels durant sa vie lui-même et ses proches avaient dû faire face, ainsi que le soutien admirable qu’ils avaient toujours trouvé chez les infirmières, et spécifié que c’est son fils mort du cancer qui aurait dû normalement devenir président à sa place.

Pour finir, il a estimé que ce qui était important c’était la dignité, à laquelle autant Palestiniens qu’Israéliens avaient droit, et annoncé une aide de 100 millions de dollars aux hôpitaux palestiniens.

Refusant de répondre aux questions dépassant le cadre de l’aide promise, et s’est rendu ensuite à Bethléem, où il a été accueilli par Mahmoud Abbas ainsi qu’une foule palestinienne arborant pour la plupart des portraits, parfois géants, de la journaliste assassinée. De nombreux drapeaux palestiniens et américains décoraient les lieux.

Le président américain qui a affirmé être en faveur de la solution des deux États, mais sans jamais condamner la colonisation juive, a promis de reprendre le financement des agences d’aide aux réfugiés (200 millions de dollars) auxquelles son prédécesseur avait coupé les fonds, puis s’est rendu à titre privé, pour prier dans l’Église de la Nativité.

Sans doute entraîné par la ferveur des Palestiniens envers leurs martyrs et la solennité de leur engagement et de leurs espérances politiques, il a quand même fini par aborder des sujets sur lesquels il avait préféré jusque-là garder le silence. Il a déclaré que la violence devait cesser, que la paix devrait débuter à Jérusalem, que (à un moment où les lieux saints de toutes les confessions sont menacés par la judaïsation rampante) la ville devrait être ouverte à tous, et que l’enquête sur la mort de la journaliste devrait être équitable. Comparativement à la déclaration de Jérusalem, aux 38 milliards de dollars accordés à Israël, à la garantie de sécurité et au partenariat stratégique avec l’Etat juif, le peuple palestinien n’a obtenu que quelques miettes.

Ses malades, ses blessés et ses morts victimes des balles israéliennes continueront d’être accueillis dans les hôpitaux palestiniens financés grâce à l’aide américaine, au nom de la dignité définie par le fils d’immigrés catholiques irlandais Joseph Biden, devenu président des Etats-Unis, dont les ancêtres avaient fui la famine, les réquisitions des terres, et l’apartheid instauré par les autorités britanniques d’occupation en Irlande durant 300 ans en faveur des immigrés presbytériens et anglicans et contre les Irlandais autochtones.

Le destin de quelques arabes…

La comparaison avec l’Irlande est en soi intéressante parce qu’elle dit que d’autres peuples ont vécu des situations semblables à celles du peuple palestinien, parfois bien plus longtemps, et qu’en fin de compte, avec le temps les choses ont fini par s’arranger.

Arthur Balfour l’ancien secrétaire britannique aux Affaires étrangères, l’auteur de la célèbre déclaration de 1917, cédant à un messianisme d’inspiration protestante, avait été en son temps plus franc lorsqu’il avait affirmé que le destin de quelques arabes en terre sainte ne comptait pas face aux perspectives de renaissance politique de la nation juive.

Mais quoiqu’il arrive c’est oublier qu’il existe un droit international, auquel on s’attache en Ukraine en l’ignorant ailleurs, que les résolutions de l’Onu en faveur du peuple palestinien n’ont jamais été appliquées, que les accords bilatéraux établis entre Israël et les pays arabes ne les rendent pas caduques, et que sans une solution juste du conflit israélo-palestinien, aucune paix ni sécurité durables ne seront établies dans la région ou ailleurs.

Médecin de libre pratique.    

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