Le groupe Attijariwafa bank a organisé, mardi 19 juillet 2022, la 3ème édition de l’AfricaDev, un webinaire, dont le thème a été «Exploiter les opportunités de la Zone de libre-échange continentale africaine». Et c’est, essentiellement, dans le contexte de la crise du coronavirus que ce thème a été abordé.
Par Cherif Ben Younès
Face aux multiples crises internationales, multiformes (la pandémie de la Covid-19 puis la guerre en Ukraine, les contractions régionales, etc.), les entreprises peuvent-elles, aujourd’hui, réellement tirer parti de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) ?
C’est la question qui a été posée par la modératrice du débat, Mouna Kadiri, directrice du club Afrique Développement du groupe Attijariwafa bank, et à laquelle ses invités ont tenté de donner des éléments de réponse.
La Zleca, un projet en marche malgré les crises internationales
Cinthia Gnassingbe-Essonam, senior advisor pour l’engagement du secteur privé auprès du secrétaire de la Zleca, a expliqué que malgré les problèmes internationaux, nous avons, aujourd’hui, un projet qui est en marche dans 54 pays, dont 43 ont déposé leurs instruments de ratification. Des chiffres plus que révélateurs…
Elle a, dans le même contexte, rappelé les perspectives de PIB assez conséquentes (7 billions de dollars), ainsi que la présence de secteurs qui nécessitent un travail spécifique, notamment en ce qui concerne les produits dans les services financiers (télécommunications, construction, distribution), avec des piliers liés au commerce numérique, aux femmes et aux jeunes, entre autres.
Mme Gnassingbe-Essonam a, d’autre part, indiqué que bientôt, les entreprises africaine auront accès aux manuels des règles d’origine dans lesquelles plus de 5.000 produits seront exposés.
«Nous avons aussi tout un process lié à la valeur ajoutée dans la chaîne de valeurs et la logistique, avec un support spécifique aux secteurs automobile, industriel, pharmaceutique et aux transports, entre autres», a-t-elle ajouté.
Mossadeck Bally, président-fondateur de la chaîne hôtelière malienne Azalaï, a, de son côté, expliqué que son groupe a, dès le début, cru à l’intégration sous-régionale ainsi qu’à «l’intégration africaine tout court», notamment celle les pays de l’Afrique de l’Ouest.
Il a, à cet effet, souligné l’aide apportée par le groupe Attijari, «que je remercie pour nous avoir accompagnés sur certains de nos projets», a-t-il lancé.
M. Bally s’est, par la suite, penché sur les répercussions de la crise sanitaires et économique liée à la propagation du coronavirus…
Solidarité, innovation et adaptation pour faire face à la crise sanitaire
«Il est vrai que la pandémie a engendré une grande catastrophe industrielle pour le monde entier, qui a, tout d’un coup, arrêté de fonctionner, du fait, notamment, de la fermeture des frontières», a-t-il indiqué, ajoutant qu’il était normal que des circonstances pareilles portent gravement préjudice aux secteurs touristique et de l’hôtellerie.
«Nous avons dû fermer nos hôtels pendant quasiment un an, et il a fallu s’y adapter et être innovants. C’est là qu’on se rend compte de l’importance d’avoir une équipe soudée et solidaire. Sans cela, on n’aurait pas survécu à cette catastrophe industrielle», a-t-il affirmé.
Et d’ajouter qu’il avait fallu développer davantage le segment local, puisqu’il n’y avait plus de voyageurs venant de l’étranger.
«On a réalisé qu’il y avait un potentiel de business local dont on n’en profitait pas suffisamment. Nous avons donc développé cet aspect. Ensuite, nous avons accéléré la digitalisation dans une industrie qui était déjà fortement digitalisée. Après, il fallait penser à la meilleure façon d’utiliser les grands espaces (vides) dans nos hôtels. Pour cela, nous avons développé les concepts de coworking, pour les personnes qui faisaient du télétravail également en raison de la pandémie», développe-t-il.
Daouda Coulibaly, managing director d’Attijari de l’Afrique de l’Ouest, affiliée à Attijariwafa bank, est resté dans le même sujet et a lui aussi souligné que la Covid-19 a fortement impacté les entreprises africaines comme celles du monde entier, ajoutant qu’à travers le témoignage de M. Bally, «on se rend compte que les entreprises les plus âgées, plus innovantes, dynamiques et résilientes ont réussi à subir le choc».
Les appuis des Etats étaient relativement faibles
«Il y a eu les appuis des Etats et d’autres organisations financières comme les banques centrales, mais ces appuis étaient relativement faibles par rapport aux préjudices causés», a-t-il poursuivi.
Il a, par ailleurs, conclu que cette crise a permis aux entreprises de changer leurs orientations et de se poser les bonnes questions pour pouvoir avancer.
«Il fallait que les entrepreneurs soient conscient de la nécessité de travailler sur le pays local et ensuite sur l’Afrique, en raison de la fermeture des frontières et de l’impossibilité d’importer et d’exporter», développe-t-il, avant de, finalement, souligner le rôle qui a été joué par les jeunes africains, notamment à travers les startups et les petites entreprises, pour face à la crise.
Rappelons que la Zleca est un projet phare de l’agenda de mai 63 de l’Union africaine, qui consiste en un accord commercial signé par 54 pays et qui a comme (grande) ambition la création d’un marché continental unique, en levant les barrières commerciales.
Donnez votre avis