La fiction des fortunes, dons et prêts prétendument spoliés ou détournés se dégonfle, puisqu’on ne parvient pas à en apporter les preuves judiciairement acceptables. Pourtant, il y a encore des Tunisiens qui sont prêts à avaler ces grosses couleuvres. (Illustration: le président Kaïs Saïed interroge Sihem Nemsia, ministre des Finances, et Marouane Abassin gouverneur de la Banque centrale, sur le sort des prêts et des dons reçus par la Tunisie).
Par Elyes Kasri *
Les mythes de café du coin qui ont alimenté les campagnes populistes pendant et après la décennie noire se dégonflent les uns après les autres et s’avèrent rien d’autre qu’un mirage.
Après les milliards de Ben Ali et de sa famille dont les autorités tunisiennes n’ont pas pu prouver légalement l’existence et l’origine délictuelle, à part quelques miettes, la campagne du pétrole et du sel usurpés («Winou El-pétrole ?») n’a en fin de compte servi qu’à enrichir ses propagateurs.
Un miroir aux alouettes
Maintenant, c’est au tour du tapage sur les milliards d’euros et de dollars de prêts et dons extérieurs obtenus depuis 2011 par la Tunisie qui ont fait couler tant d’encre et de salive de ceux qui se laissaient bercer (et berner) par l’illusion de les récupérer et en jouir une deuxième fois ou de les tourner en dettes odieuses non remboursables, de s’avérer rien d’autre qu’un miroir aux alouettes.
Déjà en 1663, risquant une condamnation à mort, Galilée abjure ses doctrines astronomiques devant le tribunal de l’Inquisition, mais ne peut s’empêcher de s’exclamer en parlant de la Terre : «Et pourtant, elle tourne».
En 2022, en Tunisie, on serait tenté de dire que malgré toutes les fictions propagées contre faits et logique au sujet des fortunes, dons et prêts prétendument spoliés ou détournés : «Et pourtant, ils y croient encore».
* Ancien ambassadeur.
Donnez votre avis