L’UGTT face à la crise de la RNTA : le suicide oui, la privatisation non !

L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) n’est pas à une contradiction près : elle privatise ses propres entreprises, mais refuse d’admettre la privatisation des entreprises publiques, même celles souffrant de grandes difficultés financières. Et c’est le cas de la Régie nationale du tabac et des allumettes (RNTA).

Malgré les offres que l’Etat tunisien a reçues pour le rachat de cette entreprise en difficulté, l’UGTT, qui y puise un grand nombre de ses adhérents (et surtout de leurs cotisations), s’oppose à toute forme de cession au privé qu’elle soit totale ou partielle. Elle admet pourtant que la RNTA connaît actuellement des difficultés qu’elle n’avait jamais connues auparavant.

C’est ce que les représentants du syndicat de l’entreprise a confirmé lors d’une réunion qui lui a été consacrée cette semaine, en présence du secrétaire général de l’organisation Noureddine Taboubi et des membres du bureau exécutif, Slaheddine Selmi, Anouar Ben Gadour et Mohamed Chaieb.

Le bureau syndical a confirmé que la régie connaît plusieurs difficultés dans la période récente qu’elle n’avait jamais connues auparavant, malgré les efforts concertés des employés,

Tout en insistant sur les 100 millions de dinars que la RNTA a déboursés pour soutenir le trésor public, le communiqué publié à cette occasion, lundi 22 août 2022, ne s’est pas attardé sur les énormes charges de l’entreprise : un véritable gouffre financier.

Le même communiqué précise que la situation financière de l’entreprise est difficile et même critique. Il évoque aussi le manque de certains moyens de production, qui conduira inévitablement au chômage technique de nombreux employés d’ici un mois, étant donné le manque de ressources.

Le communiqué rappelle aussi que les agents de la RNTA réclament le paiement de leurs indemnités, surtout que le fonds social traverse lui aussi une période difficile, résultant du non paiement des bénéfices de la régie par l’autorité de tutelle, explique la centrale syndicale.

A l’issue de la réunion, le secrétaire général s’est engagé à tenir une réunion avec le ministère des Finances dans les meilleurs délais pour rechercher des solutions radicales et urgentes à ces problèmes vitaux afin d’assurer la pérennité de l’institution.

La réunion envisagée rassemblera un membre du bureau exécutif de l’UGTT, des représentants de la Fédération des Finances et de la Planification et des représentants du syndicat principal de la RNTA, précise-t-on.

Mais on écarte, bien entendu, toute solution radicale qui permettrait à l’Etat de céder ce mastodonte mal géré à un investisseur privé qui en réformerait la gestion, les procédés de production et la stratégie commerciale et le ferait renouer avec les bénéfices. Il sauverait aussi du même coup l’entreprise publique d’une faillite annoncée qui mettrait des milliers de salariés sur le carreau. Et cela a un nom : suicide ou harakiri, en japonais, la langue de l’investisseur qui, il y a quelques années, avait fait une offre pour acquérir la RNTA.

I. B.   

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