La Tunisie et la Ticad 8 : les promesses n’engagent que ceux qui y croient !

Ironisant sur les attentes irréalistes des retombées de la 8e édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad 8), qui se tient à  Tunis les 27 et 28 août 2022, le diplomate Elyes Kasri appelle les Tunisiens à une approche moins euphorique et plus rationnelle de leurs moyens et de leurs ambitions.  

«D’après la majorité des économistes, la conférence internationale sur l’investissement Tunisia 2020 (novembre 2016) a eu, au mieux, des retombées marginales sur l’économie tunisienne», a rappelé l’ancien ambassadeur de Tunisie au Japon et en Allemagne, dans un post facebook publié hier, vendredi 26 août 2022.

On se souvient encore des dizaines de milliards d’investissements extérieurs que nous ont fait miroiter à l’époque l’ancien chef de gouvernement Youssef Chahed et l’ancien ministre du Développement économique et de la Coopération internationale Fadhel Abdelkefi. Qu’en est-il advenu six ans après ? On préfère ne pas remuer le couteau dans la plaie.

«Depuis, avec la détérioration de tous les indicateurs économiques et sociaux, de même que la dégradation en série de la notation souveraine de la Tunisie, y compris récemment par l’agence japonaise R&I, en plus d’une transition démocratique interminable et à rebondissements, à quoi pourrait s’attendre raisonnablement la Tunisie de la Ticad 8 ?», s’interroge M. Kasri, en demandant à ses compatriotes, avec une mordante ironie, de… revenir sur terre  

«Entre l’espoir d’une sortie rapide de crise grâce à une manne du ciel et l’attente rationnelle de résultats tangibles cadrant avec une stratégie nationale de développement socio-économique, il faudra faire son choix pour s’épargner déception et désenchantement», écrit M. Kasri, qui revient à la charge dans un autre post publié ce samedi 27 août, qu’il ouvre par cette citation d’un romancier britannique dont il n’a pas cité le nom qui a dit : «Il n’y a plus de matins, ces derniers temps. Seulement des lendemains de cuite». Et d’ajouter à l’adresse des euphoriques pour calmer leurs ardeurs et rendre leur retour sur terre moins douloureux : «On pourrait en dire autant pour le peuple tunisien, en attendant la fin de l’euphorie de la Ticad 8 et d’un été qui n’a pas fini pas de nous réserver des surprises à l’étalage et à la pompe à essence.»

Bref, il faudra revenir dans quelques années pour faire le bilan de toutes les promesses faites à cette occasion… Mais ceux qui pontifient aujourd’hui sur les tribunes ne seront peut-être pas là pour partager avec nous la déception et le désenchantement.

I. B.

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