Jusqu’à quand va-t-on continuer à parler de réformes structurelles pour relancer une économie tunisienne en panne, tout en étant dans l’incapacité concrète de les mettre en œuvre, par manque de volonté politique, par crainte de leurs retombées sociales ou, tout simplement, par incompétence crasse, la bureaucratie continuant à paralyser l’initiative, publique et privée? (Illustration : à quoi sert un gouvernement si rien n’avance comme prévu ?)
Par Ridha Kefi
La ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Fadhila Rabhi, explique la hausse actuelle des prix de la volaille par plusieurs facteurs, dont le plus important est le coût élevé des aliments, qui a augmenté de 70 à 80% par rapport à l’année dernière, et la température élevée, qui a causé la mort d’un grand nombre de bêtes dans les élevages de volailles.
Dans une déclaration à la chaîne publique Wataniya 1, la ministre a affirmé que le programme de réforme du système de subvention des produits de première nécessité, prévu dans le programme de réforme convenu dans le cadre des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un nouveau prêt, sera mis en œuvre progressivement sur une période de 4 ans, à partir de l’année prochaine. Elle a aussi indiqué que des travaux sont actuellement en cours sur la plateforme numérique, qui regroupera toutes les données liées au dispositif d’accompagnement, la subvention devant être réorientée directement vers les couches les plus défavorisées.
Des réformes toujours reportées
Ces déclarations n’apportent rien de nouveau. Il s’agit de redites soporifiques qui cherchent à donner l’impression (à défaut de le prouver) que le gouvernement travaille, or, en réalité, ces chers ministres continuent de faire du surplace.
A la longue, ces redites sont devenues lassantes, car on ne comprend pas pourquoi la réforme de la subvention des produits de première nécessité, dont on parle depuis au moins une vingtaine d’années, tarde-t-elle à être mise en œuvre, et pourquoi cette mise en œuvre longtemps annoncée est-elle toujours reportée à l’année prochaine, et d’année en année, aux calendes grecques.
On ne comprend pas non plus pourquoi l’administration publique, aux effectifs si pléthoriques, ne parvient-elle pas, et ce depuis plusieurs années, à mettre en place le système d’identifiant unique permettant d’orienter la subvention de l’Etat vers les personnes réellement dans le besoin et d’éviter les ridicules dysfonctionnements qui ont été enregistrés lors de l’attribution des aides de l’Etat pendant la crise de la pandémie de Covid-19 et qui ont vu une partie de ces aides aller dans les poches de citoyens plutôt nantis, et dont certains – par un bien curieux hasard – étaient des fonctionnaires de l’Etat.
Jusqu’à quand va-t-on continuer de parler de réformes structurelles pour relancer une économie en panne, tout en étant dans l’incapacité concrète de les mettre en œuvre, par manque de volonté politique, par crainte de leurs retombées sociales ou, tout simplement, par incompétence crasse, la bureaucratie continuant à paralyser l’initiative publique ?
L’incompétence au pouvoir
Nos chers ministres, qui sont d’excellents perroquets, aiment se répéter à l’envi. Ils continuent de nous rebattre les oreilles par les mêmes rengaines pour ne pas avouer leur impuissance, dénoncer les blocages qui les empêchent de faire avancer leur schmilblick, si blocages il y a, ou démissionner et laisser la place à des personnes plus compétentes.
Cette impuissance de nos gouvernements successifs à agir sur le réel, les citoyens la constatent tous les jours que Dieu fait, puisque les mêmes problèmes, mille fois diagnostiqués et leurs solutions mille fois identifiées, sont toujours là, s’ils ne s’aggravent pas et n’empoisonnent pas davantage la vie des gens.
Le problème aussi, c’est que cette impuissance gouvernementale n’échappe pas aux partenaires internationaux de la Tunisie, qui se trouvent, à chaque fois, confrontés à des interlocuteurs crédules, perplexes, dépassés et qui ne donnent pas l’impression de maîtriser leur sujet, s’ils ne leur racontent pas des histoires à faire dormir debout. Et c’est là où le bât blesse, au moment où le pays s’enfonce chaque jour davantage dans la crise, sollicite l’aide internationale sans être en mesure de l’utiliser utilement et ne donne pas l’impression d’être en mesure de gérer lui-même ses propres problèmes. Et au lieu de les affronter avec détermination et courage, il s’y enfonce et s’y engloutit.
Dans cette débandade générale qui nous mène tous dans le mur, le président de la république a cru devoir accaparer tous les pouvoirs (législatif, exécutif et même judiciaire) et qu’en a-t-il fait ? Il s’est assis dessus…
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