Tunisie : l’urgent rééquilibrage de la balance commerciale

La réduction du déficit de la balance commerciale de la Tunisie passerait nécessairement par le réexamen de la liste des produits importés, qui ne sont pas tous de première nécessité, en vue d’en supprimer ceux jugés improductifs ou à caractère superflu, qui grèvent dangereusement les équilibres financiers du pays.

Par Mahjoub Lotfi Belhedi *

La Tunisie fait face aujourd’hui à une équation à multiple variables. Dans une situation économico-financière hautement critique risquant, à tout moment, de basculer dans un défaut de paiement, selon le dernier rapport de l’agence de notation Fitch Ratings, l’attente d’un accord providentiel avec le FMI pour un nouveau prêt se fait lancinante, alors que les prix des hydrocarbures – mais pas seulement – sur le marché international connaissent une hausse vertigineuse, suite aux impacts directs de la guerre russo-ukrainienne.

Sortir du cercle vicieux

Les voies de résolution des problèmes en suspens sont également une équation à multiple variantes qui tend à enfermer les décideurs et les citoyens dans un cercle vicieux.

En effet, à chaque hausse des prix des hydrocarbures á l’échelle mondiale, succède, sur le plan local, une augmentation systématique des prix des produits de première nécessité et des équipements importés, avec pour corollaire une inflation importée galopante, aggravant les déficits commercial, budgétaire et de la balance des paiements. La cherté de la vie et la dégradation des services publics (éducation, santé, transport, etc.) qui s’ensuivent aggravent le malaise général et menace la paix sociale…

Comment inverser ce cercle vicieux de la crise qui tire vers le bas pour trouver la voie vertueuse de la croissance ?

Compte tenu du rétrécissement des marges pour la mise en œuvre des réformes structurelles convenues avec les bailleurs de fonds internationaux et qui risquent d’aggraver une situation intérieure déjà largement compromise, le plus urgent nous semble être la réduction du déficit de la balance commerciale où le déficit énergétique occupe une place prépondérante.

La nécessaire réduction du déficit commercial

Ce déficit commercial énergétique est estimé à 4 121 MDT à la fin juin 2022 contre 2021 MDT à la même période de 2021 (soit un saut de l’ordre de 105%), et en l’absence d’une politique proactive en la matière, en maîtrisant la consommation énergétique, en diversifiant les sources d’énergie et en développant les énergies alternatives, notamment solaire et éolienne, qui nécessitent d’énormes investissements, la réduction du déficit de la balance commerciale ne sera pas facile et peu de solutions s’offrent à nous à première vue dans ce domaine, sauf peut-être le réexamen de la liste des produits importés, qui ne sont pas tous de première nécessité, en vue d’en supprimer ceux jugés improductifs ou à caractère superflu.

Il convient aussi de s’attaquer aux deux plus gros déficits commerciaux de la Tunisie : avec la Chine (-6,3 milliards de dinars, -2,25 milliards de dollars) et la Turquie (-2,6 milliards de dinars, -948,5 millions de dollars), et ce en révisant notamment certains accords financiers qui sont devenus des sources d’énormes gaspillages pour les maigres ressources du pays.

Les engagements de la Tunisie dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ne devraient pas constituer, à cet égard, un handicap insurmontable, du moment où ils menacent dangereusement les équilibres financiers du pays.  

* Universitaire, spécialiste en droit et en questions stratégiques.

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