Avocat spécialisé en arbitrage international, le Tunisien Fathi Kemicha vient de publier un ouvrage de témoignage sur son expérience professionnelle, ‘‘Mémoires en quête d’avenir — Le parcours d’un avocat itinérant’’ (éditions Verone, 124 pages, Paris, 25 juillet 2022).
Né à Kairouan en Tunisie, Fathi Kemicha arrive à Paris en 1973. Il fait des études de cinéma et de droit et obtient le diplôme de Sciences Po et un doctorat en droit international à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il sera simultanément arbitre international, avocat plaidant à la Cour internationale de Justice de La Haye, fondateur et secrétaire général de la Cour constitutionnelle de Bahreïn, membre de la Commission du droit international de l’Onu à Genève et président de la Commission des sanctions (anti-corruption) de la Banque mondiale à Washington D.C.
Une thérapie pour aller de l’avant
«Il y a des anniversaires que l’on redoute et qui, une fois arrivés, ne passent pas inaperçus ; ce fut le cas de celui de mes soixante-dix ans à plus d’un titre !», écrit l’auteur, qui explique les circonstances ayant présidé à la rédaction de ce texte de mémoire où il réfléchit sur son parcours professionnel et en tire des leçons. Fathi Kemicha ajoute : «Nous sortions d’une longue période d’hibernation du fait d’une pandémie qui a emporté des êtres chers. Mon père, en l’occurrence, nous a quittés et sa disparition nous laisse, ma famille et moi-même, impuissants et inconsolables. Au surplus, cette pause imposée loin des aéroports et des hôtels m’a mis face à mon passé et c’est maintenant que je prends conscience d’avoir eu plusieurs vies, sans être sûr de l’avenir qui m’attend.»
Animé par la curieuse impression de regarder son passé dans un rétroviseur de voiture tout en conduisant et en scrutant avec vigilance la route qui s’offre à ses yeux, l’avocat international écrit : «J’ai toujours été un homme du moment présent, mais surtout passionnément tourné vers l’avenir. Cela en est quelquefois embarrassant quand j’éprouve une grande difficulté à me remémorer un souvenir qui semble important pour mon interlocuteur. Voilà qu’aujourd’hui je décide de me poser et de faire le bilan en puisant dans mes souvenirs et dans mes archives, probablement dans l’espoir vain de ralentir le temps qui passe. Je me suis ainsi employé à identifier et à fixer l’acquis en me limitant essentiellement, peut-être par pudeur, à mon parcours professionnel. L’exercice est périlleux ! D’aucuns y verront du narcissisme et l’étalage de hauts faits. Ceci est possible, mais à mes yeux ce retour en arrière s’est imposé comme un besoin irrépressible, une sorte de thérapie pour aller de l’avant.»
Dans sa préface du livre, le Bâtonnier Yves Repiquet, insiste sur le caractère périlleux de la rédaction des mémoires où certains voient du narcissisme et l’étalage de hauts faits. «Ceci est bien possible mais pour l’auteur, ce retour en arrière s’est imposé comme un besoin irrépressible, une sorte de thérapie pour aller de l’avant», s’empresse-t-il d’ajouter. Et il explique : «Parti de sa Tunisie natale, Fathi Kemicha arrive à Paris en 1973 et entame un parcours professionnel inédit. Diplômes en poche, il exerce dans les hautes instances du monde entier. Paris et la France – qui l’a fait chevalier de la Légion d’honneur – restent son port d’attache le disputant à Kairouan, sa ville natale où il fait une pause pour ‘‘cultiver son jardin’’ et produire de l’huile d’olive avant de reprendre, en toute sérénité, le chemin qui lui reste…»
La double exigence de l’indépendance et de l’impartialité
Dans son témoignage, Me Kemicha passe en revue son «parcours étonnant et atypique d’un juriste, d’un avocat à qui il a été donné de rencontrer les plus hauts personnages qui deviendront ses amis.»
«Appelé à juger comme arbitre des différends aux enjeux immenses, avec en permanence en tête, la double exigence de l’indépendance et de l’impartialité, Maître Kemicha fut avant tout un avocat. Tantôt défenseur des humbles et intervenant dans des dossiers courants devant les juridictions ordinaires, tantôt en charge des intérêts de grands groupes industriels, il fut même appelé à participer à la défense des intérêts d’états souverains devant les juridictions internationales les plus élevées», témoigne à son tour le Bâtonnier Yves Repiquet.
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