Tunisie : le pouvoir solitaire de Saïed suscite des ambitions opportunistes

Le pouvoir solitaire du président de la république Kaïs Saïed est en train de susciter des appétits politiques parmi les opportunistes de tous bords qui se réclament tapageusement de lui et voudraient profiter de sa popularité pour se lancer dans la mêlée.   

C’est le cas, entre autres, des hommes politiques, des syndicalistes et des membres de la société civile qui ont annoncé dimanche 9 octobre 2022 le lancement d’une initiative appelée «Liyantassar Echaab» (Que le peuple triomphe), reprenant le slogan populiste de la campagne présidentielle de Saïed «Echaab Yourid» (Le peuple veut). Une initiative qui se donne pour mission de soutenir le «processus du 25-Juillet», c’est-à-dire le processus initié par la proclamation des dispositions exceptionnelles le 25 juillet 2021.

Il faut dire que Kaïs Saïed, qui compte de nombreux partisans, ne se réclame d’aucun parti. Pire encore, il les déteste tous et est même en train d’imposer un système politique qui les fait disparaître de la scène publique. Or, on le sait, la politique a horreur du vide. Et le vide créé par le président Saïed ne pouvait durer sans susciter quelques appétits.

Les signataires du texte intitulé «Liyantassar Echaab» définissent leur initiative comme un cadre populaire et horizontal, ouvert à tous les Tunisiens et ses multiples forces ayant foi dans le processus du 17 décembre (2010)-25 juillet (2021), qui est venu rompre définitivement avec les régimes d’avant 2010 et d’avant-2021. L’objectif est d’opérer un changement politique, économique et social et de se lancer dans la construction d’une nouvelle république, disent-ils.

Loin de constituer un simple outil électoral, cette action s’inscrit dans la durée et est l’expression d’un projet national global dans tous les domaines, ajoutent les initiateurs de cette initiative, dont les visées purement électorale ne font pas l’ombre d’un doute, d’autant qu’elle a été lancée à quelques semaines les législatives du 17 décembre prochain que la plupart des partis boycottent.

L’initiative se décline en 15 points qui mettent en avant la protection des droits de l’homme et des libertés publiques et individuelles, l’indépendance du pouvoir judiciaire et la consécration du principe de responsabilité et d’égalité entre les citoyens et entre les régions; principes que, depuis le 25 juillet 2021, le président Saïed ne cesse de piétiner, mais cette réalité, ces chers militants de la 25e heure passent totalement sous silence.

Sur le plan économique, l’initiative met l’accent sur une économie diversifiée, équilibrée, équitable et inclusive basée sur l’égalité des chances et l’interaction entre les secteurs public et privé. Que des généralités qui reprennent des principes dont se réclament à cor et à cri tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 2111 sans parvenir à les mettre en œuvre et à les traduire dans la réalité !

Pour l’instant, le texte de l’initiative compte 25 signatures dont celles de Mbarka Brahmi, et de Zouheir Hamdi (Courant populaire) et Haykel Belgacem (Front populaire).

Des syndicalistes comme Mohamed Boughdiri et Mohamed Saad (anciens secrétaires généraux de l’UGTT) se sont joints à cette initiative.

Des opportunistes, écrivions-nous ci-haut. Et des has been qui tenteraient de se replacer, sommes-nous tentés d’ajouter. Des cadavres politiques qui bougent encore !

I. B.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.

error: Contenu protégé !!