La tension règne depuis plus d’une semaine à Zarzis, dans le gouvernorat de Médenine, où la mer continue de rejeter les corps de femmes, d’enfants et de jeunes de la région, candidats à l’émigration illégale, dont la barque a sombré. Mais les responsables de l’Etat ne semblent pas considérer que ce drame qui suscite une forte émotion dans l’opinion nationale requiert leur attention.
Par Imed Bahri
Certes, la situation ce jeudi 13 octobre 2022, est relativement calme et la vie semble avoir repris son cours, après une nuit d’agitation et de protestation populaire contre le manque de réactivité des autorités régionales et nationales et leur indifférence vis-à-vis de la douleur des nombreuses familles endeuillées par ce drame et qui s’interrogent sur le sort de leurs membres disparus.
Zarzis n’a que ses yeux pour pleurer
Les habitants de Zarzis s’interrogent d’ailleurs à juste titre sur la raison de l’absence des responsables de haut rang qui n’ont pas effectué le déplacement dans la région pour exprimer leur compassion et leur solidarité avec les familles des victimes, et pour essayer de calmer la douleur des habitants attisée par cette absence et par l’absence de communication de l’Etat sur ce qu’il compte faire pour faire face à ce fléau de la migration clandestine qui est en train de prendre une ampleur inquiétante en raison de l’absence de perspectives pour les jeunes dans le pays.
Le fait que ni le président de la république Kaïs Saïed, qui ne cesse de nous rebattre les oreilles avec sa vraie fausse défense de la cause des laissés-pour-compte, ni la cheffe de gouvernement Najla Bouden, dont on se demande à quoi elle sert, ni même le ministre des Affaires sociale Malek Zahi, ou le ministre porte-parole du gouvernement Nasreddine Nsibi, qui adore pourtant les médias, n’ont jugé urgent ou nécessaire d’accorder ne fut-ce que quelques minutes de leur précieux temps aux habitants de Zarzis, les laissant faire face seuls à leur drame.
Poursuivant leur politique de l’autruche, qui consiste à fourrer leur tête dans le sable pour ne pas avoir à confronter les problèmes du pays et à leur trouver des solutions, ces pseudo-responsables, dont l’irresponsabilité n’a d’égal que l’arrogance, l’incompétence et l’impuissance, continuent d’observer un silence assourdissant sur les drames de l’émigration illégale, comme si le sujet ne les concernait pas et ne faisait pas partie de leurs prérogatives officielles, laissant le gouverneur de Médenine se démener comme il peut, très maladroitement du reste, pour faire face seul à la colère populaire.
Les idées fixes de Kaïs Saïed
Dans toute cette affaire, le haut responsable qui se déshonore le plus c’est le chef de l’Etat, qui ne semble accorder aucun intérêt aux problèmes quotidiens des citoyens (pénuries de toutes sortes, cherté de la vie, effondrement du pouvoir d’achat, détérioration des services publics, etc.), et n’a d’intérêt que pour tout ce qui se rapporte à la mise en œuvre de son projet politique personnel, en multipliant les décrets-lois qui visent un instaurer un pouvoir despotique, à museler les opposants et à réduire la liberté des médias.
Sur l’agenda du locataire du palais de Carthage, il n’y a qu’un seul rendez-vous qui requiert toute son attention : les législatives anticipées du 17 décembre prochain qu’il veut imposer à tous les Tunisiens dont l’écrasante majorité n’en voient ni l’urgence ni l’utilité, qu’il cherche aussi à organiser selon les règles de son choix et à couronner par l’élection d’une assemblée dénuée de tout pouvoir et dont tous les membres lui sont dévoués.
C’est cet homme honnête et intègre, très populaire et surtout très populiste, qui pose devant l’Histoire et tutoie la postérité, se prenant pour un prophète en son pays, et qui croit gouverner en affichant un grand mépris pour les problèmes et les souffrances du peuple qui l’a élu et attend toujours de voir concrétisées ses promesses électorales.
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