Tunisie : nouvelles arrestations pour «complot contre l’Etat»

Les arrestations annoncées hier soir, jeudi 20 octobre 2022, de quatre personnes et l’émission d’un mandat d’arrêt contre deux autres, accusées d’atteinte à la sûreté de l’Etat, ciblent clairement le parti islamiste Ennahdha et son président, l’ancien président de l’Assemblée Rached Ghannouchi. (Illustration: Rached et Mouadh Ghannouchi).

Le parquet près le tribunal de première instance de Kasserine a décidé de placer quatre personnes en garde à vue pour avoir formé «un cartel dans le but de porter atteinte à la sécurité de l’État, de changer le régime, d’inciter les gens à s’armer les uns contre les autres, de semer le désordre et d’encourager le meurtre ou le pillage sur le territoire tunisien.»

Le parquet a également émis un mandat d’arrêt contre le fils du président d’un parti politique (le fils de Rached Ghannouchi, Mouadh, résidant à Londres, Ndlr) et l’un de ses proches, tandis que les investigations dans l’affaire seront lancées le 20 octobre.

Deux individus ont été interpellés par une unité de recherche et d’enquête de la Garde nationale à Kasserine, alors qu’ils distribuaient de l’argent à deux personnes accompagnées d’une jeune fille à la route périphérique de Kasserine, a indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. «Les personnes arrêtées ont avoué avoir reçu ces sommes d’argent dans le but de semer le désordre, les actes de violence et attiser les tensions dans les quartiers de la ville», indique le communiqué.

Une somme de 4 720 dinars a été saisie en possession de la première personne, et 1 320 dinars étaient détenus par la seconde, indique le ministère de l’Intérieur.

«Le parquet a également ordonné des perquisitions à domicile ciblant les personnes arrêtées; en conséquence, 15 980 dinars ont été saisis en monnaie locale et une somme en devises», précise encore le communiqué.

Les personnes arrêtées auraient avoué avoir reçu de l’argent d’une personne habitant la Cité Ennasr dans le gouvernorat de l’Ariana. Il est le frère d’un ancien candidat à la présidentielle de 2014, selon les personnes interpellées. Il a été impliqué dans une affaire de blanchiment d’argent et réside actuellement en Turquie et au Royaume-Uni.

Le communiqué fait ici allusion au frère de Yassine Chennoufi, ancien candidat à la présidentielle, condamné en mai 2020 à 5 ans de prison, après avoir été reconnu coupable de corruption financière et de blanchiment d’argent. C’est un ancien douanier ripoux, qui était proche du clan de l’ancien président Ben Ali.

Selon les témoignages des personnes arrêtées, le frère de l’ancien candidat à la présidentielle leur a promis de fournir les fonds nécessaires pour semer le désordre et inciter à la rébellion à Kasserine.

Suite à ces informations, les patrouilles de la sous-direction des investigations ont arrêté le principal suspect à la Cité Ennasr et saisi chez lui 7 600 dinars, selon la même source.

On n’entrera pas dans le détail des accusations, car c’est la justice qui doit en apporter les preuves et sanctionner les auteurs des graves délits ainsi évoqués. On relèvera cependant que tous les mouvements sociaux que connaît actuellement le pays, de Zarzis aux quartiers de Mornag, Ettadhamen, Al-Intilaka et autres Kram aux environs de la capitale ne sont pas provoqués dans le cadre d’un complot contre l’Etat, car ils ont des causes sociales profondes qui n’ont rien à voir avec les arrestations annoncées hier soir. Donc, pas d’amalgames faciles…

I. B.

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