Si la révolution de la liberté et de la dignité ne laisse d’autre choix à un segment de plus en plus large du peuple tunisien que la harga (migration illégale) et l’indignité de la charité alimentaire étrangère, nous sommes en devoir de nous poser de sérieuses questions sur nos choix et notre capacité d’assumer la démocratie et d’en faire un vecteur de développement économique et social et de préservation de la souveraineté nationale.
Par Elyes Kasri *
Des dons alimentaires étrangers seraient désormais distribués aux familles nécessiteuses en Tunisie par le canal du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (Unicef) et du Programme alimentaire mondial (Pam). Si cette méthode de distribution devait être confirmée, ce serait une humiliation supplémentaire infligée à un peuple jadis pourvoyeur d’aide alimentaire et humanitaire à d’autres pays mais qui n’a à s’en prendre qu’à lui-même pour être tombé si bas, à force de faire de mauvais choix et d’élire des politiciens corrompus ou incompétents ou les deux à la fois.
Harga et charité internationale
Cette distribution alimentaire étrangère directe semble avoir un objectif politique dicté par les Etats-Unis d’Amérique, comme le précise la lettre adressée le 26 octobre 2022 par les sénateurs Menendez et Risch de la commission sénatoriale des affaires étrangères au secrétaire d’Etat américain Blinken parlant de «l’aide rapide récente, par exemple, soutiendra les Tunisiens vulnérables sans légitimer le programme autocratique de Saïed» («recent rapid assistance, for example, will support vulnerable Tunisians without legitimizing Saied’s autocratic agenda», position devant être partagée par les pays du G7 (l’Allemagne, le Canada, les États-Unis d’Amérique, la France, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni, ainsi que l’Union européenne).
Si la révolution de la liberté et de la dignité ne laisse d’autre choix à un segment de plus en plus large du peuple tunisien que la harga (migration illégale) et l’indignité de la charité alimentaire étrangère, nous sommes en devoir de nous poser de sérieuses questions sur nos choix et notre capacité d’assumer la démocratie et d’en faire un vecteur de développement économique et social et de préservation de la souveraineté nationale.
Un peuple sinistré livré à lui-même
A l’issue d’un feuilleton interminable de supercheries électorales et d’incompétence politique depuis 2011, le peuple tunisien est désormais en voie d’être assimilé à un peuple sinistré livré à lui-même et à la générosité des puissances et organisations étrangères.
* Ancien ambassadeur au Japon et en Allemagne.
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