Francophonie : la bouderie du Maroc n’est pas nouvelle…

La délégation marocaine au 18e sommet de Djerba, qui s’est clôturé hier, dimanche 20 novembre 2022, à Djerba, est conduite par Nadia El Hnot, directrice de la Coopération et de l’Action culturelle au ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger et Représentante personnelle du chef de gouvernement auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). C’est, à ma connaissance, un des plus bas niveaux de représentation décidé par le Maroc pour une participation à un sommet international… (Illustration: Nadia El Hnot).

Par Samir Gharbi

Cette bouderie s’explique par la «rupture» des relations avec la Tunisie, consacrée par le rappel des ambassadeurs le 26 août dernier… Le Maroc en veut également à la France et se fâche avec tous les pays qui n’expriment pas «avec précision» leur acceptation de l’intégration du Sahara occidental au territoire marocain, intégration, faut-il le rappeler, non reconnue par les Nations unies, l’Union européenne et l’Union africaine, mais admise par certains, dont les Etats-Unis, l’Espagne…

S’agissant de la francophonie, la bouderie marocaine n’est pas nouvelle… Le Roi Hassan II n’avait pas participé au mouvement fondateur de la francophonie, initié dans les années 1960 par le Sénégal et soutenu activement par la Tunisie, le Niger et le Cambodge jusqu’à la création de la première structure intergouvernementale francophone en 1970.

Quatrième pays francophone du monde*, le Maroc n’adhérera à la francophonie que sur le tard en 1981. Mais sa participation aux sommets restera limitée même après l’avènement du roi Mohammed VI en 1999. Il faudra attendre le 16e sommet à Madagascar (26 novembre 2016) pour assister à une participation forte dirigée par le roi en personne. Mohammed VI avait saisi l’enjeu de la francophonie. Il emmènera avec lui, à Antananarivo, une délégation forte de 300 personnes et offrira aux participants du 16e sommet un dîner en clôture des travaux.

La capitale malgache est-elle plus proche de Rabat que ne l’est l’île de Djerba ? Peut-être, politiquement parlant…

Au 17e sommet, le 11 octobre 2018, à Erevan, en Arménie, auquel feu le président tunisien Béji Caïd Essebsi a participé, le Maroc avait délégué son ministre des Affaires étrangères. La Tunisie y a emporté haut la main l’organisation du 18e sommet et la présidence de la Francophonie qui va avec pendant deux ans…

* Selon les dernières estimations de l’Observatoire de la Francophonie pour 2022, le Maroc arrive en 4e position avec sa «population francophone» estimée à 14 millions de locuteurs (personnes qui s’expriment en français). Après la France (66 millions), la RD Congo (49 millions) et l’Algérie (15 millions) sur un total mondial de 321 millions. Avant la Tunisie, en 14e position, avec 6,3 millions.

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