Maroc-Tunisie : les occasions ratées de la diplomatie tunisienne

La participation de la Tunisie et du Maroc au sommet Etats-Unis-Afrique, cette semaine à Washington, aurait pu être une occasion pour décrisper les relations entre les deux pays frères, qui plus est, avec un coup de pouce des hôtes américains, lesquels y auraient peut-être trouvé leur intérêt. Mais ce fut encore une occasion ratée…

Par Imed Bahri  

Joe Biden a suivi en direct, hier soir, mercredi 14 décembre 2022, la rencontre des demi-finales de la Coupe du monde de football Qatar 2022 opposant le Maroc et la France (0-2).

Le président des Etats-Unis, qui était accompagné de plusieurs hôtes du Sommet Etats-Unis/Afrique, dont le chef du gouvernement marocain Aziz Akhannouch, s’est laissé prendre en photo, arborant le drapeau marocain, aux côtés de ce dernier.

Le président tunisien, Kaïs Saïed, présent lui aussi à Washington pour prendre part au même sommet, a brillé par son absence à cette rencontre, amicale et décontractée, qui lui aurait sans doute permis de dissiper la crise diplomatique tuniso-marocaine, provoquée par l’accueil officiel qu’il avait réservé au chef du Polisario Brahim Ghali, lors de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique (Ticad8) organisée à Tunis, en août dernier.

  

Aziz Akhannouch en discussion avec le président Biden.

On sait que le football n’est pas la tasse de thé du président tunisien, qui préfère fréquenter les bibliothèques et dépoussiérer les documents historiques (c’est ce qu’il a fait en visitant la veille la bibliothèque du Congrès), mais un geste diplomatique fort de sa part, à l’occasion de la brillante participation du Maroc au mondial qatari, aurait pu mettre fin aux fritures actuelles dans les relations tuniso-marocaines.

On peut imaginer aussi que le président des Etats-Unis aurait volontiers accepté de s’associer à un acte de décrispation entre les deux pays frères. Encore aurait-il fallu le solliciter pour cela, par le biais du secrétaire d’Etat Antony Blinken, que Saïed avait rencontré quelques heures plus tôt… Mais ne rêvons pas : il aurait fallu pour cela avoir une diplomatie tunisienne proactive et efficace. Ce qui est loin d’être le cas actuellement, et on ne finit pas de nous en fournir la preuve.

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