Violences à l’égard des femmes, une lutte commune dans les pays du Grand Maghreb

Pour marquer la fin des 16 jours d’activisme contre la violence à l’égard des femmes et des filles, EuroMed Rights et Danner ont organisé les 9 et le 10 Décembre à Tunis une conférence régionale sur la lutte contre les violences à l’égard des femmes dans les pays du Grand Maghreb sous le slogan “Violences à l’égard des femmes, une lutte commune”.

Cette conférence a été l’occasion de réunir les acteurs et actrices des sociétés civiles tunisienne, algérienne et marocaine afin de dresser ensemble un état des lieux et un diagnostic des violences sexistes et sexuelles. Elle a également permis de tisser de nouvelles synergies régionales en vue d’appuyer un plaidoyer commun aux trois pays appelant à l’harmonisation des droits nationaux avec les conventions internationales ratifiées par les trois pays.

Les États n’ont pas mis fin aux causes des violences. Plusieurs discriminations légales, en particulier dans le droit de la famille, persistent dans toute la région. Les enquêtes sur les violences, la protection et la prise en charge des victimes, les poursuites et punition des auteurs restent largement en deçà de l’obligation de diligence raisonnable à laquelle sont tenus les Etats. Le taux des violences à l’égard des femmes – qu’il s’agisse de violence économique, physique, psychologique, sexuelle ou institutionnelle – reste, selon les évaluations de la société civile, préoccupant dans un contexte post pandémique qui a accru les risques déjà élevés auxquels sont confrontées de nombreuses femmes.

Les statistiques avancées par la société civile sont alarmantes tandis que celles des autorités représentent des demi-vérités et soulignent seulement une nette amélioration sur les cinq dernières années. Quant à la protection et à la prise en charge des victimes elle reste principalement assurée par la société civile. L’impunité reste la règle du fait de lois pénales et de pratiques judiciaires véhiculant et légitimant les stéréotypes patriarcaux sur les violences.

Les femmes sont assassinées parce qu’on ne prévient pas des violences, on ne protège pas les victimes et que les agresseurs bénéficient d’une large impunité.

Nous, associations, organisations et militant.es signataires de ce communiqué appelons les autorités concernées à :

  • Harmoniser l’ensemble de l’arsenal juridique avec les conventions internationales en matière de droits humains et de lutte contre les violences telle que la CEDAW et la Convention d’Istanbul.
  • Faire et publier régulièrement des enquêtes victimaires permettant de mesurer le taux réel des violences et des féminicides, le nombre et la nature des poursuites engagées et des jugements rendus.
  • Etablir des budgets conséquents pour contrer la violence à l’égard des femmes dans les différents ministères et allouer un budget spécifique pour la prise en charge des survivantes.
  • Lutter contre les stéréotypes de genre et promouvoir le changement des mentalités en faveur d’une culture égalitaire et plus précisément contre les violences à l’égard des femmes, à travers l’élaboration de stratégies de communication publiques régulières et adaptées aux différentes populations cibles et aux différents secteurs d’intervention.
  • Prendre en considération les profils des personnes pour leur recrutement dans les différents corps d’intervenants en matière de violence et les former en continu (forces de l’ordre, corpus éducatif, corps judiciaire…) aux techniques nécessaires pour une prise en charge adéquate et digne des survivantes, avec une évaluation et un suivi systématique. Ces personnes doivent être imprégnées par les principes des droits humains et être sensibles à la question de la violence à l’égard des femmes.
  • Rendre effectifs les mesures et mécanismes existants de lutte contre la violence tels les observatoires des violences à l’égard des femmes et les structures de protection et de prises en charge des survivantes de violence.

Les Signataires :

  • Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD);
  • Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH);
  • EuroMed Droits;
  • Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES);
  • Groupe Tawhida Ben Cheikh;
  • Danner;
  • Union Nationale de la Femme Tunisienne (UNFT);
  • Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche sur leDéveloppement (AFTURD);
  • L’Initiative Mawjoudin pour l’Egalité;
  • Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme;
  • An-nili;
  • Association Femmes pour la Citoyenneté et le Développement Jendouba;
  • Association Karama Tozeur;
  • Association Citoyenneté et libertés Djerba;
  • Association Attalaki ;
  • Association Ensemble pour la Citoyenneté et le Changement;
  • Association Joussour de Citoyenneté El Kef;
  • Association Tunisienne Awledna;
  • Association Volontaires Bouarada;
  • Association Formes et Couleurs Oasiennes à Gabes;
  • Association Pour la Protection de l’Environnement et Développement Durable Kebili;
  • Association Volontaires Bouarada;
  • Fondation des Femmes du Moyen Atlas;
  • Coalition Printemps de la Dignité.

Communiqué

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