Dans son « Global Economic Prospects« de Janvier 2023 sur les perspectives économiques dans le monde, la Banque Mondiale estime que la Tunisie devrait atteindre une croissance de 3,3%, et serait donc l’un des derniers pays de la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) à retrouver son niveau de croissance d’avant la Covid-19, dans un contexte plutôt sombre.
Les perspectives économiques 2023 dans le monde (PEM-23) de la Banque Mondiale (BM) présentent de la Tunisie un tableau plutôt sombre.
Si la croissance de notre pays serait seulement de 3,3% en 2023 et de 3,6% en 2024, et qu’il serait parmi les derniers pays Mena à retrouver les niveaux de production d’avant la pandémie de la Covid-19, cela est principalement du au durcissement des évènements dans le monde, entre autres la hausse des prix des matières premières, mais aussi aux progrès insuffisants de la Tunisie à mettre dans la mise en œuvre des réformes structurelles, ce qui s’est traduit par une récupération déjà «anémique» du pays, aux prises avec des déficits budgétaire (9,7 milliards de dinars tunisiens, DT, en 2022) et courant (-9,3% en 2022) en nette augmentation.
Au vu des récents évènements politiques et socio-économiques dans le monde, les conditions financières se sont durcies et ont fortement affecté la Tunisie, avec des chocs négatifs sur les termes de l’échange, une reprise économique au point mort, des finances publiques insoutenables, et des politiques incertaines. Les marges de manœuvre se sont rétrécies, car le déficit extérieur du compte courant s’est creusé et les réserves de change ont diminué (21 626,4 millions de dinars, MDT, pour couvrir seulement 97 jours d’importation, en novembre 2022).
D’où élargissement du spread souverain qui consiste, pour un pays en développement (comme la Tunisie), en l’écart entre la rémunération des obligations en euros (ou en $US) émises par le pays sur le marché international, et celle offerte par les obligations de la zone euro (ou en $US). Cet écart influe sur le risque politique du pays…
Si la situation continue de se détériorer, et les taux d’intérêt mondiaux augmenter plus que prévu, par exemple en raison d’une inflation persistante, les importateurs de pétrole comme la Tunisie pourraient même faire face à des conditions de crédit encore plus défavorables, alors qu’ils luttent déjà pour financer des déficits croissants.
Une dette publique élevée comme celle de la Tunisie (78,5% du PIB en novembre 2022), peut compliquer davantage les perspectives de croissance.
Par ailleurs, les conditions climatiques menacent l’accès à l’eau potable, la productivité des cultures et les populations des zones côtières. Sont particulièrement menaçantes, les températures élevées qui affectent les cultures et réduisent les ressources hydrauliques déjà fragiles. D’où la menace d’insécurité alimentaire, de migration forcée, de baisse de la productivité du travail et d’augmentation des troubles sociaux, pouvant saper la croissance économique et la stabilité sociale du pays.
A. M.
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