Comment sortir la Tunisie de l’impasse actuelle ?   

Il est grand temps pour les Tunisiens de se départir des slogans fourre-tout et de la quête chimérique de l’homme et de la femme providentiels qui n’ont donné que des déceptions amères. La priorité doit être donnée à la réflexion sereine et collective sur l’avenir du pays avec le minimum de dégâts et le maximum de perspectives de concrétisation du potentiel considérable de notre peuple.

Par Elyes Kasri *

A la veille du 14 janvier, la rue et les salons semblent dans l’expectative de la tournure possible des événements en Tunisie tant au niveau social que financier et économique avec des indices de culmination du désenchantement et du sentiment d’insupportabilité de la dégradation économique entamée depuis 2011 sans le moindre indice de redressement crédible et acceptable aux yeux d’un large segment de l’opinion publique et des partenaires sociaux.

Impasse politique et absence d’alternatives

L’exacerbation de la crise économique est accompagnée du sentiment d’une impasse politique et d’absence d’alternatives suffisamment rassurantes pour un segment significatif de la population tunisienne et de nos partenaires étrangers.

L’après-Ben Ali a donné lieu à une profusion de slogans creux et anachroniques et des mêmes personnages qui n’arrivent pas à rallier à leur projet un courant suffisamment important de l’opinion publique tunisienne. En dépit de leurs échecs, ces leaders autoproclamés n’arrivent pas à faire leur autocritique et semblent réticents à toute alternance au sein de leurs mouvements et partis.

Les querelles sordides de personnes et les débats fastidieux et insipides en guise de joutes oratoires de faculté de droit ou de slogans et étiquettes politiques qui ne trompent plus grand monde, exacerbent l’angoisse des Tunisiens et de leurs partenaires étrangers.

Il est grand temps de se départir des slogans fourre-tout et de la quête chimérique de l’homme et de la femme providentiels qui n’ont donné que des déceptions amères.

La Tunisie ne peut pas revenir en arrière et ne peut plus se permettre de persévérer dans la fuite en avant fantasmagorique et pseudo révolutionnaire. Elle a plutôt besoin d’une vision d’avenir inclusive et audacieuse rassemblant la grande majorité des Tunisiens autour d’un projet gagnant-gagnant loin du discours d’exclusion, d’affrontement et de lutte de classe.

Le temps est venu de penser à l’avenir de la Tunisie et de son peuple et surtout de sa jeunesse à qui nous devons passer le flambeau loin des slogans, modèles et pratiques du passé qui ne créent que le dénuement, le désespoir et le sentiment destructeur du tous pourris.

La violence de quelque bord que ce soit n’est pas une solution viable.

Dépasser les transes idéologiques clivantes

La priorité doit être donnée à la réflexion sereine et collective sur l’avenir de notre pays avec le minimum de dégâts et le maximum de perspectives de concrétisation du potentiel considérable de notre peuple.

Au-delà des vieilles recettes et du mythe du paradis perdu, proche ou éloigné, et loin des slogans creux et des querelles stériles de personnes, la Tunisie peut et doit se réinventer et regagner sa place dans son environnement international, élément essentiel de toute prospérité durable.

Elle est aujourd’hui confrontée à l’impératif urgent et vital de dépasser les transes idéologiques et révolutionnaires clivantes pour redevenir une nation unie et inclusive, principal gage de réussite de ce tournant dans son histoire plurimillénaire.

* Ancien ambassadeur.

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