Ces lobbys qui bloquent le développement industriel en Tunisie

Pour peu qu’elle y mette la volonté politique et les moyens financiers, la Tunisie peut passer du stade de pays en crise à une véritable success story, en investissant dans les secteurs aujourd’hui porteurs, comme celui de l’industrie pharmaceutique où notre pays dispose de nombreux atouts.

Par Elyes Kasri *   

La création de l’agence nationale des médicaments est une bonne décision surtout si elle constitue le prélude du lancement d’une politique incitatrice de l’industrie pharmaceutique dans laquelle la Tunisie a de nombreux atouts qui ont été accentués par la pandémie Covid-19 et la réalisation par l’Europe de la nécessité d’éviter une trop grande dépendance de la Chine en produits et équipements médicaux et pharmaceutiques.

Des opportunités gâchées par les lobbys

Des opportunités existent depuis les années 2000 et ont été méticuleusement ignorées en raison notamment de la mainmise sur le secteur de certains lobbies pharmaceutiques.

Lorsque j’étais ambassadeur en Inde (2001-2006), deux groupes de travail ont été constitués avec l’Inde dans les domaines de la pharmacie-médicament et de la biotechnologie.

Des pas ont été faits en vue d’intensifier la coopération dans la recherche, la production et la distribution conjointes, jusqu’au jour où un haut responsable gouvernemental de l’époque m’a conseillé de ralentir la cadence (ثقًل الخطوة) en attendant d’en parler ensemble au cours de mon passage à Tunis au cours de l’été. Cet été, il a été mis fin à ma mission en Inde, apparemment à l’instigation du lobby pharmaceutique dont certains proches de feu Ben Ali.

Plus récemment, au cours d’une discussion amicale avec cet ancien responsable, j’avais évoqué cette opportunité perdue par la Tunisie en disant que j’avais peut-être fait preuve à l’époque d’un patriotisme excessif aux yeux de certains lobbies. Ce à quoi mon interlocuteur a répondu par l’affirmative.

Un immense potentiel à concrétiser

Il est à espérer que la diplomatie tunisienne sous la direction de mon collègue Nabil Ammar, à qui je voue un grand respect, aura les coudées plus franches pour concrétiser l’immense potentiel dont dispose la Tunisie pour devenir le Singapour de la Méditerranée.

Il suffit de le vouloir pour faire passer la Tunisie du stade de pays en crise à une véritable success story.

* Ancien ambassadeur.

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