La vague de xénophobie porte préjudice à la Tunisie  

En agitant les théories du grand remplacement, de la pureté raciale et du complot ethnique, pour justifier une campagne de chasse aux sorcières ciblant les émigrés irréguliers subsahariens transitant par notre pays, les plus hautes autorités de l’Etat nuisent considérablement à l’image et aux intérêts de la Tunisie. (Illustration : « Je ne veux pas mourir en Tunisie », dit la pancarte du manifestant subsaharien à Tunis).

Par Elyes Kasri *

La Tunisie, ancienne Africa romaine et Ifriqiya arabe, terre d’accueil et carrefour de civilisations, disait-on, qui a donné son nom à tout un continent ? Malheureusement, pour un nombre croissant de Tunisiens, gare aux étrangers particulièrement s’ils sont noirs. Circulez, rentrez chez vous, il n’y a plus rien à voir!!!

Il est grand temps de mettre en place une meilleure pédagogie gouvernementale et associative pour mettre fin à cette vague montante de xénophobie qui risque de porter un préjudice incalculable aux intérêts de la Tunisie et à sa crédibilité morale et politique sur la scène internationale.

Des victimes expiatoires

En effet, lorsqu’un segment de la population tunisienne est considéré comme la source de tous les maux et devient une victime expiatoire, l’affaire relève du domaine du débat et des choix internes, dans une grande mesure. Mais lorsque des étrangers et en l’occurrence des ressortissants subsahariens sont accusés de toute sorte de crimes et sombres desseins, l’affaire prend nécessairement une dimension internationale tant au niveau des chartes et conventions internationales signées par la Tunisie qu’au regard des relations bilatérales avec les pays d’origine de ces ressortissants et de l’Union Africaine de même que les autres institutions internationales compétentes en matière de migration, de réfugiés et de droits de l’Homme.

Les théories du grand remplacement, de la pureté raciale et du complot ethnique (agitées aux plus hautes sphères de l’Etat pour justifier des campagnes de chasse aux sorcières ciblant les émigrés subsahariens transitant par la Tunisie, Ndlr), ont une connotation sulfureuse dans la mémoire de l’humanité. L’éventualité de leur association à la Tunisie, au grand bonheur des courants xénophobes européens les plus abjects, risque de nuire à son image de marque et à ses intérêts à l’étranger ainsi qu’à ceux de sa diaspora.

* Ancien diplomate.

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