Immigration africaine : le message d’apaisement de la Tunisie

La Tunisie rejette catégoriquement toute accusation, liée à un prétendu racisme dans le pays, et fait part de son étonnement de cette campagne, dont les sources sont bien connues, indique un communiqué publié conjointement dimanche 5 mars 2023, par la présidence de la république, la présidence du gouvernement et le ministère des Affaires étrangères, sans préciser ce qui est entendu par «sources bien connues».

Le communiqué est publié suite au tollé général provoqué, en Afrique et dans le monde, par les déclarations du président de la république Kaïs Saïed sur les menaces que constituent les migrants subsahariens pour la Tunisie, pays de transit vers l’Europe en passe de devenir pays d’installation.

Le communiqué rappelle que «la Tunisie est un des pays fondateurs de l’Organisation de l’Unité africaine, devenue plus tard l’Union africaine, et a toujours soutenu tous les mouvements de libération nationale dans le monde, notamment les mouvements de libération nationale en Afrique».

La Tunisie, souligne le communiqué, a appelé ces dernières années à ce que l’Afrique soit pour les Africains et à lutter avec tous les moyens disponibles contre le crime de traite des êtres humains subi par les frères africains jusqu’à présent, ajoutant que «la Tunisie n’a jamais accepté et n’acceptera pas que les Africains soient victimes de ce phénomène condamnable ni en Tunisie ni à l’étranger».

La même source réaffirme que «la Tunisie défend toujours les opprimés et les victimes de toute forme de discrimination raciale et refuse tout acte de discrimination qui vise les êtres humains nulle part dans le monde».

Partant de la profondeur des relations qui lient la Tunisie à l’Afrique, et dans le but de faciliter les procédures pour les étrangers résidant en Tunisie et de protéger autant que possible les différentes communautés, il a été décidé de:

  • délivrer des cartes de séjour d’un an pour les étudiants des pays africains afin de faciliter leur séjour sur le sol tunisien et leur permettre de renouveler périodiquement leurs documents dans un délai approprié;
  • prolonger le permis de séjour de trois mois à six mois;
  • faciliter les départs volontaires pour ceux qui le souhaitent dans un cadre organisé et en coordination préalable avec les ambassades et missions diplomatiques des pays africains en Tunisie;
  • exonérer les frères africains du paiement des pénalités de retard imposées aux expatriés ayant dépassé la durée de séjour autorisée, dans le cadre du retour volontaire;
  • renforcer l’encadrement et intensifier l’assistance sociale, sanitaire et psychologique à tous les migrants et réfugiés des pays africains à travers l’Organisation du Croissant-Rouge tunisien et ses différents partenaires;
  • réprimer toutes les formes de traite des êtres humains et d’exploitation des migrants en situation irrégulière en multipliant les campagnes de contrôle;
  • mettre en place un numéro vert à la disposition des résidents de différents pays africains pour signaler tout abus à leur encontre.

La Tunisie tient, par ailleurs, à exprimer ses vifs remerciements à tous les pays africains frères et amis qui ont renforcé leur dispositif de sécurité de la diaspora tunisienne y résidant et exhorte ces pays à faire porter haut l’esprit de coopération, d’entraide et de fraternité entre les pays africains, rappelant que la Tunisie a été pionnière en adoptant une loi en 2018 visant à éliminer toutes les formes de discrimination raciale, et que sur cette base, toute atteinte physique ou morale à une personne étrangère, quel que soit son statut juridique, sera poursuivie et réprimée par la loi.

L’histoire de la Tunisie, ses lois et les pratiques de son peuple qui a toujours tendu la main aux personnes en mal de soutien, sont autant d’indices qui témoignent d’un souci constant de protéger tous les migrants et vient refléter l’engagement à respecter les lois du pays afin que le chaos ne se propage pas et que la sécurité de nos concitoyens et de nos frères africains soit bel et bien assurée, ajoute le communiqué.

Rappelons que le ministère des affaires étrangères avait publié, samedi 4 mars, un communiqué où il renouvelle l’engagement de la Tunisie à protéger les communautés africaines résidant dans le pays, appelant le comité des sages d’Afrique à «faire passer des messages d’apaisement et de solidarité entre les différents pays du continent».
Cette réaction tunisienne a été exprimée lors de la participation du secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Mounir Ben Rjiba, aux travaux de la réunion ministérielle organisée, vendredi, via vidéoconférence, par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, sous la présidence de la Tanzanie et qui a été dédié à l’examen des activités du Comité des Sages d’Afrique.

A cette occasion, le secrétaire d’Etat a souligné le rôle-pivot confié au mandat du Comité des Sages, organe institué depuis 2007, dans le cadre du système africain pour la paix et la sécurité, s’agissant de contribuer à la consolidation de la sécurité et de la promotion de la stabilité et du bien-être dans toute l’Afrique, notamment à travers la diplomatie préventive et la médiation.

Il a ajouté que la récurrence des conflits et l’émergence de nouveaux phénomènes menaçant la paix, la sécurité et la stabilité dans le continent africain sont autant de facteurs qui commandent impérativement d’adopter une approche préventive et proactive tous azimuts dans laquelle le Comité des Sages aura à jouer un rôle central dans la prévention des crises et le règlement pacifique des différends.

Pour ce faire, cite le communiqué, il est plus que jamais nécessaire de faire doter le Comité des Sages des moyens humains, financiers et logistiques lui permettant d’accomplir au mieux la mission qui est la sienne.

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