Tunisie : la guerre contre la corruption sera-t-elle gagnée un jour ?

Il y a une perception partagée par tous les Tunisiens que la corruption est plus généralisée aujourd’hui qu’elle ne l’a été sous l’ancien régime, mais la bataille contre ce fléau, engagée depuis plusieurs années, ne semble pas beaucoup avancer. Ou se situe le hiatus ?

Par Imed Bahri

Le président Kaïs Saïed a réitéré lors de sa rencontre avec la Première ministre Najla Bouden, samedi 11 mars 2023, à Carthage, la nécessité d’œuvrer pour arrêter tous ceux qui «gaspillent l’argent public après avoir continué à le faire pendant des années».

Selon un communiqué de la présidence de la république, le chef de l’Etat a déclaré que «le peuple tunisien mène une bataille historique contre la corruption et les corrompus, et il  sortira victorieux de ces batailles, afin de recouvrer tous ses droits». «Le peuple n’acceptera pas moins que la victoire», a-t-il conclu.

Cela, tous les Tunisiens en conviennent voire l’appellent de tous leurs vœux. Seulement, ils attendent toujours de voir des résultats, car cela fait trois ans que le président parle de la lutte contre la corruption à chaque fois qu’il reçoit l’un des membres du gouvernement, mais le processus, si processus il y a, ne semble pas avancer d’un iota.

Une bataille perdue d’avance ?

Il y a comme un blocage quelque part, au sein même de l’Etat. Et on a du mal à identifier où se trouvent les verrous. «Si l’administration publique est à ce point infiltrée par les lobbys de la corruption, le combat contre les corrompus ne serait-il pas perdu d’avance ?», s’interroge-t-on à juste titre. Car à entendre le président demander sans cesse à ses ministres de sévir contre ceux qui gaspillent l’argent public, sans que rien ne soit fait pour mettre ces malfaiteurs hors d’état de nuire, on est en droit de se demander si ces chers ministres sont incompétents, impuissants ou tout bonnement complices…

Certes, on entend parler, de temps un temps, d’arrestations d’agents de l’Etat dans telle ou telle région pour corruption, mais les affaires se perdent ensuite dans les méandres d’une justice fastidieusement lente et sophistiquée. Quant aux gros poissons, on n’en a pas vu beaucoup tomber. Où se situe le hiatus, alors qu’il y a une perception partagée par tous les Tunisiens que la corruption est plus généralisée aujourd’hui qu’elle ne l’a été sous l’ancien régime, perception du reste corroborée par le classement de notre pays dans l’indice de Transparency International en passant de la 57e place en 2010 à la 82e en 2022 ?  

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