Tunisie : le terrorisme frappe encore à Djerba

La menace terroriste en Tunisie reste réelle, même si la lutte contre ce fléau à enregistré de grandes avancées au cours des dernières années. On vient d’en avoir une nouvelle preuve avec l’attaque de la synagogue de la Ghriba dans la nuit du mardi 9 mai 2023, qui aurait pu avoir un plus lourd bilan, n’eut été la prompte réaction des unités sécuritaires déployées sur place.  

Par Imed Bahri

Lorsque les premières informations sur les coups de feu entendus près de la synagogue de la Ghriba, à Djerba, ont commencé à circuler dans la nuit d’hier sur les réseaux sociaux, les Tunisiens ont retenu leur souffle. Et pour cause… Le pire qu’ils pouvaient craindre à l’orée d’une saison touristique que l’on annonçait prometteuse, c’était en effet une attaque terroriste qui viendrait stopper cet élan de reprise dont le pays a vivement besoin alors qu’il traverse l’une des plus graves crises financière de son histoire.

Le pire est déjà arrivé

Ce qui s’est passé dans la nuit d’hier, aux abords de la synagogue de la Ghriba, alors que le pèlerinage juif tirait à sa fin et que plusieurs pèlerins festoyaient encore à l’intérieur du caravansérail, c’était bel et bien une attaque terroriste, même si les motivations de l’assaillant et les circonstances de son attaque restent encore à élucider. Et quand bien même, on minimiserait la portée de cette attaque pour essayer d’en atténuer les impacts psychologiques, il est à craindre que le pire est déjà arrivé, car les premières vidéos de la panique qui s’était emparé des visiteurs à l’intérieur du caravansérail, suite aux coups de feu, ont largement été relayées sur les réseaux sociaux à travers le monde, et notamment en Israël, où elle eut le plus fort retentissement. Et cela se comprend, car beaucoup des visiteurs effectuant le pèlerinage annuel étaient des Israéliens d’origine tunisienne, bien qu’ils soient entrés en Tunisie avec des passeports européens, la plupart bénéficiant d’une double nationalité.

Il reste cependant à déterminer la nature exacte de l’attaque: s’agit-il d’un acte terroriste isolé commis par un loup solitaire ou d’une agression perpétrée par un forcené sujet à des accès de violence ?

Pour revenir à ce qui s’est passé, la version des faits publiée tard dans la nuit par le ministère de l’Intérieur ne laisse aucun doute sur la nature terroriste de l’attaque. On parle en effet d’un agent de la Garde nationale maritime de Aghir Djerba qui a tué son collègue au moyen de son arme à feu personnelle avant de s’emparer des munitions de sa victime et de tenter ensuite d’accéder aux abords de la synagogue de La Ghriba, en ouvrant délibérément le feu et en tirant à l’aveugle sur les unités sécuritaires déployées sur les lieux. Et sans la riposte de ces derniers qui ont empêché l’assaillant d’entrer dans la synagogue et l’ont abattu, on imagine le carnage qu’il aurait pu perpétrer. D’autant que le bilan officiel de l’attaque communiqué par le ministère de l’Intérieur parle de trois morts, un agent de sécurité et deux visiteurs (un Tunisien de 30 ans et une Française de 42 ans), et neuf blessés à divers degrés, cinq agents et quatre visiteurs, transportés à l’hôpital pour recevoir les soins nécessaires.

Aucun blessé n’a été enregistré parmi les visiteurs présents à l’intérieur de La Ghriba au moment de l’attaque, précise-t-on, et c’est un élément de satisfaction. Suite à cette «lâche attaque», dixit le ministère de l’Intérieur, le dispositif de sécurité mis en place a certes bien fonctionné en sécurisant les environs de la synagogue et en en bouclant toutes les issues, avant que les visiteurs soient transportés dans leurs hôtels à bord d’autobus. Mais le fait que l’assaillant soit un agent de l’ordre est, en soi, élément inquiétant. Car au-delà de ce qui aurait pu provoquer son passage à l’acte, des procédures de contrôle interne auraient dû empêcher sa présence à Djerba, qui plus est, au moment du déroulement d’un événement aussi crucial et dont le retentissement international a toujours été important, surtout pour l’image du pays et de sa capacité à assurer la sécurité de ses visiteurs.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.