Ce que le G7, l’Europe et l’Italie attendent de la Tunisie

La visite de la Première ministre italienne aujourd’hui en Tunisie est une démarche politico-diplomatique qui dépasse, selon toute apparence, le cadre bilatéral tuniso-italien. Et engage les défis géopolitiques qui se posent à la région sud-méditerranéenne. (Illustration : Giorgia Meloni accueillie par Najla Bouden à sa descente d’avion ce matin à Tunis-Carthage).

Par Elyes Kasri *

La visite à Tunis de Giorgia Meloni, présidente du conseil des ministres d’Italie, intervient après une série de visites de responsables américains puis européens en Tunisie et plus récemment des ministres belge et portugais des Affaires étrangères ainsi que du ministre italien de l’Intérieur.

Vers un ressaisissement du pouvoir tunisien

Cette visite de quelques heures (Meloni devant rentrer à Rome vers 16 heures où d’autres rendez-vous urgents l’attendent, Ndlr) fait suite à de nombreuses délibérations internationales sur la situation en Tunisie et les risques d’effondrement économique ainsi que la menace que cela pourrait constituer pour l’Europe et le flanc sud de l’Otan (où la Tunisie a le statut d’allié majeur non membre depuis 2015, Ndlr) avec une déferlante migratoire et des pressions sur les gouvernements européens déjà aux prises avec des difficultés économiques et géostratégiques découlant de leur alignement sur les Etats-Unis d’Amérique concernant le conflit russo-ukrainien.

La visite de Meloni est une démarche politico-diplomatique qui dépasse, selon toute apparence, le cadre bilatéral tuniso-italien. La présidente du conseil italien sera probablement porteuse d’un message de l’Union Européenne et du G7 (suite au dernier sommet de Hiroshima où il a été question de la Tunisie) avec une exhortation au ressaisissement par le pouvoir tunisien qui se rapprocherait de l’ultimatum.

Réalisme et tact diplomatique sont de rigueur

Tout refus tunisien d’entreprendre des réformes crédibles (ce qui pourrait inclure un volet politique) pourrait être considéré, avec ses répercussions socio-économiques sur la Tunisie et son rôle dans l’exacerbation de la vague migratoire vers l’Europe et en premier lieu l’Italie, comme une menace à la sécurité régionale et possiblement un motif, dans un horizon peut être lointain mais qu’il serait prudent de ne pas exclure, pour la mise en œuvre du chapitre 7 de la charte des Nations Unies (relative à l’action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression, Ndlr) ou de l’article 5 de la charte atlantique (stipulant que si un pays de l’Otan est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué, Ndlr).

La prudence, le réalisme et le tact diplomatique sont de rigueur.

* Ancien diplomate.

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