Sana Ben Achour dénonce la «perversion du droit» en Tunisie

Sana Ben Achour est parmi les premiers juristes à réagir à la décision du premier juge d’instruction près de la 36e chambre du pôle judiciaire antiterroriste interdisant aux médias audiovisuels de traiter des affaires de complot contre la sûreté de l’Etat en cours d’instruction.

«Depuis quand un juge peut-il se prononcer par voie de disposition générale comme celle d’interdire aux médias audiovisuels de relater les affaires en cours sur le complot contre la sûreté de l’Etat?», s’est interrogée la militante féministe, professeure agrégée en droit public.

Dénonçant ce qu’elle considère comme une perversion juridique, Mme Ben Achour s’interroge: «Ne lui est-il pas défendu en droit de se prononcer par voie de disposition générale et réglementaire sur les causes qui lui sont soumises ? A défaut, il commettrait une forfaiture !» Et de poursuivre : «Jusqu’où allons-nous dans la perversion et les dérogations aux principes les plus élémentaires de l’Etat de droit et de la séparation des pouvoirs?»

Sa conclusion est sans appel : «La perversion du droit est le premier pas vers l’autocratie et le totalitarisme !»

Il convient de rappeler ici que Sana Ben Achour a été parmi les premiers et les rares spécialistes en droit à avoir critiqué la proclamation de l’état d’exception par le président de la république Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021, lorsque la plupart de ses collègues applaudissaient des deux mains, avant de se rétracter les uns après les autres et de se ranger sur sa position initiale, en constatant les dérives constitutionnelles et politiques qui ont suivi, et dont la décision d’interdire aux médias audiovisuels de relater les affaires de complot contre la sûreté de l’Etat n’est qu’un épisode, qui sera sans doute suivi d’autres, sur la voie de l’étouffement des libertés.  

I. B.

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