Les participants à une réunion organisée vendredi 30 juin 2023 à Paris par le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) ont affirmé que les libertés sont plus que jamais menacées en Tunisie. Vidéo.
Cette situation appelle les militants des droits de l’homme et les membres de la société civile à s’unir pour faire bloc et empêcher le retour du régime despotique, ont-ils recommandé.
Des militants tunisiens et français de la société civile ont pris part à la rencontre, retransmise en direct sur les réseaux sociaux.
Les intervenants ont estimé que la loi en Tunisie ne peut plus établir la justice et garantir les libertés, mais est plutôt devenue un outil entre les mains de la dictature.
Intervenant à distance, à partir de Tunis, l’avocat Ayachi Hammami a passé en revue les dernières péripéties de l’affaire dite de complot contre l’Etat dans laquelle sont poursuivis de nombreuses figures de l’opposition et de la société civile. Il a souligné que le président de la république a réussi, en deux ans, après la proclamation de l’état d’exception, le 25 juillet 2021, à détruire tous les acquis de la révolution et à démanteler le système démocratique. Il a appelé les ONG, les partis politiques et les défenseurs des droits de l’homme à unir leurs forces pour lutter contre la répression, ajoutant que le président Kaïs Saïed n’a pas provoqué la crise que traverse le pays, mais il l’a utilisée comme prétexte pour s’accaparer la totalité du pouvoir. La crise actuelle a été provoquée par les élites politiques qui avaient gouverné pendant la dernière décennie, a expliqué Hammami, en appelant celles-ci à faire leur autocritique avant d’élaborer un programme de sauvetage du pays axé sur le développement et la croissance économique et sociale.
Le président du CRLDHT, Mohieddine Cherbib, qui considère que les libertés en Tunisie sont actuellement menacées, a appelé, de son côté, à la conjugaison de tous les efforts pour relancer le processus de transition démocratique, en constatant que la Tunisie se trouve aujourd’hui exactement dans la même situation de blocage politique où elle était aux pires moments du règne de Ben Ali. Il s’est néanmoins félicité de la présence d’un grand nombre de jeunes militants, qui n’ont pas connu cette période, mais qui sont déterminés à militer pour la restauration de l’Etat de droit dans leur pays.
Le président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), Bassem Trifi, a déploré, pour sa part, que toutes les tentatives d’unification des forces démocratiques face au régime autoritaire en train d’être imposé en Tunisie ont, jusqu’à présent, échoué. Il a averti que la révision de la loi sur les ONG en vue d’interdire leur financement étranger est «un autre pas sérieux vers de nouvelles restrictions de l’activité de la société civile». Trifi a, par ailleurs, annoncé l’organisation d’un rassemblement, le 25 juillet, soit deux ans après l’annonce de l’état d’exception par le président Kaïs Saïed. Ce serait une occasion pour rapprocher les points de vue et d’harmoniser les visions sur ce qui se passe dans le pays, et de discuter des moyens à mettre en œuvre pour sortir de l’impasse actuelle.
I. B.
Donnez votre avis