Les Emirats arabes unis ont lancé plusieurs grands projets en Tunisie, qui ont tous été suspendus au lendemain de la chute de l’ancien régime, en 2011. Seront-ils relancés aujourd’hui que la transition démocratique a été mise entre parenthèse, ce qui semble être conforme à leurs désidératas ? Wait and see…
Par Imed Bahri
On ne sait pas si ces projets, annoncés en leur temps en grande pompe pour des montants de plusieurs milliards de dollars et qui devaient créer des dizaines de milliers d’emplois, notamment à Tunis, ont été évoqués lors de la rencontre, hier, vendredi 3 août 2023, au palais de Carthage, entre le président Kaïs Saïed et le cheikh Shakhbout bin Nahyan Al Nahyan, membre du cabinet des Emirats arabes unis et ministre d’Etat, mais on peut imaginer que leur sort préoccupe toujours les Tunisiens qui leur ont accordé d’énormes superficies dans des zones stratégiques de la capitale.
A la lecture du communiqué de la présidence de la république publié à l’issue de la rencontre, on apprend que Saïed a salué le niveau des relations de longue date et la solide coopération entre la Tunisie et les Emirats arabes unis, soulignant la détermination de la Tunisie à poursuivre le renforcement et la diversification de ces relations au profit des deux peuples.
Le président a aussi souligné que les bases solides des relations bilatérales sont à l’origine de l’établissement de perspectives de partenariat prometteuses dans plusieurs secteurs, notamment les énergies renouvelables, le dessalement, la santé, la transformation numérique, l’éducation, le tourisme et les infrastructures, ainsi que l’encouragement des investissements émiratis dans plusieurs domaines et «la levée des difficultés qui pourraient les entraver», dans une limpide allusion aux mégaprojets en suspens depuis 2011.
Pour sa part, Cheikh Shakhbout bin Nahyan Al Nahyan a souligné que son pays tient à continuer à soutenir la Tunisie dans divers domaines et à lui fournir l’assistance nécessaire pour surmonter les défis auxquels elle est confrontée, indiquant que la délégation qui l’accompagne lors de cette visite discutera avec les autorités tunisiennes compétentes pour identifier des projets communs dans divers domaines afin de commencer leur mise en œuvre dans les meilleurs délais.
Au-delà du langage diplomatique habituel, on peut estimer que le courant passe mieux entre les dirigeants des deux pays, que les Emirats semblent mieux disposés à l’égard de notre pays et que les réserves qu’ils avaient vis-à-vis de la transition démocratique, parce qu’elle était conduite par le parti islamiste Ennahdha qu’ils abhorraient, sont en passe d’être dissipées sinon mises momentanément en veilleuse.
Les responsables tunisiens, pour leur part, attendent de leurs «frères émiratis» plus que la relance des mégaprojets en suspens : un soutien macro-financier qui, ajouté au récent crédit de 500 millions de dollars accordé par l’Arabie saoudite, permettrait à la Tunisie de boucler son budget pour l’exercice en cours et de relancer son économie en panne, tout en se passant, si possible, des aides du Fonds monétaire international (FMI) et des bailleurs de fonds occidentaux aux conditionnalités inacceptables.
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