La Tunisie au sommet des Brics pour quoi faire ?

La Tunisie participe au 15e sommet des Brics, groupement de cinq pays à forte croissance : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, qui a lieu du 22 au 24 août 2023, à Johannesburg, en Afrique du Sud, avec la participation de plus de 60 pays.

Le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger a été chargé par le président Kaïs Saïed de conduire la délégation tunisienne à ce conclave, indique un communiqué du département des Affaires étrangères. Nabil Ammar devra participer, le 24 août, à la séance de dialogue entre le groupe des Brics et l’Afrique. Il prononcera une allocution sur les politiques de la Tunisie et aura des entrevues avec ses homologues présents au dit Sommet.

A l’occasion de la présence de la Tunisie à cette rencontre organisée par le «regroupement de plus en plus affirmé et influent sur l’échiquier international, notamment suite aux multiples demandes d’adhésion qu’il a reçues», le ministère tunisien des Affaires étrangères a publié la note de cadrage que nous reproduisons ci-dessous, et où il n’explique pas les enjeux et les attentes de la participation de la Tunisie à ce conclave, sachant que notre pays est solidement arrimé, politiquement et économiquement, au bloc occidental et qu’il n’a pas, pour le moment tout au moins, les moyens d’un désarrimage dont les conséquences pourraient être catastrophiques pour lui. Surtout au moment où il tend la main aux bailleurs de fonds occidentaux pour mobiliser les prêts nécessaires à la réduction de son déficit budgétaire.

Les Brics et l’Afrique

Soixante-sept pays d’Afrique et du Sud global ont été ainsi invités pour prendre part à l’ouverture et à certains événements organisés dans le cadre de ce sommet qui a été placé sous le thème : «Les Brics et l’Afrique».

De nos jours, les Brics pèsent lourd : plus de 42% de la population mondiale, 23% du produit intérieur brut mondial et 18% du commerce international, dans lequel les transactions restent majoritairement libellées en dollars. C’est d’ailleurs l’un des points focaux qui sera discuté à l’occasion de ce sommet. Les Brics souhaitent réduire leur dépendance du dollar américain. Une question qui pourrait d’ailleurs influencer le choix d’intégrer ou non de nouveaux membres au sein du groupe.

Pour Iraj Abedian, directeur général de Pan-African Investment and Research Services, un cabinet de conseil et de recherche économique en Afrique du Sud, «l’idée d’une monnaie spécifique aux Brics est une démarche essentiellement politique de la part de la Chine pour asseoir sa position dans le monde, en partant du principe que cette monnaie serait en grande partie fondée sur le yuan chinois».

Une autre alternative à l’étude consiste à créer une monnaie numérique unique. Une telle solution, qui serait selon les observateurs plus bénéfique pour la Russie, car elle réduirait les risques liés aux sanctions internationales et occidentales qui lui sont imposées et augmenterait le prestige du rouble numérique, tout en attirant encore plus de pays au sein des Brics.

Le deuxième enjeu du sommet consiste dans l’élargissement du groupe à de nouveaux membres. Plus d’une vingtaine de pays se sont déjà portés candidats pour rejoindre le groupe, séduits par le «désalignement économique et politique proposé par les Brics.»

 À la date du 10 août 2023, 23 pays ont officiellement soumis leur demande pour rejoindre les Brics. Il s’agit de l’Algérie, l’Argentine, le Bahreïn, le Bangladesh, la Biélorussie, la Bolivie, Cuba, l’Égypte, le Honduras, l’Indonésie, l’Iran, le Kazakhstan, le Koweït, le Nigeria, la Palestine, l’Arabie saoudite, la Serbie, le Sénégal, la Thaïlande, les Émirats arabes unis, le Venezuela et le Viêt Nam.

Le Financial Times a récemment écrit que «le problème réside dans les équilibres au sein des Brics. La Chine est le seul des cinq États à avoir passé un cap, sur le plan tant économique que diplomatique. C’est d’ailleurs Pékin qui souhaite ardemment élargir le groupe, pour en faire un levier d’une puissance hégémonique dans l’avenir. Et si désalignement passe par une dédollarisation de l’économie au sein du Brics, alors il faudrait s’attendre à ce que la transformation soit longue».

Pour le moment, les membres des Brics et leurs ministres des Affaires étrangères respectifs ont commencé à débattre des critères d’admission. Des discussions se poursuivront vraisemblablement pendant le sommet de Johannesburg.

I. B.

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