Après sa rencontre avec Saïed, Weber veut repenser la politique migratoire de l’Europe

Après une visite de deux jours effectuée en Tunisie, avec laquelle l’Union européenne (UE) a récemment signé un projet d’accord sonnant et trébuchant sur le contrôle de la migration, Manfred Weber, chef du Parti populaire européen (PPE), souhaite que l’UE repense son approche à l’égard de la région sud de la Méditerranée.

Par Benjamin Fox 

La visite du leader de centre droit comprenait une rencontre de 90 minutes avec le président tunisien Kaïs Saïed ainsi que des rencontres avec les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur, le président du Parlement et des dirigeants de la société civile.

Un haut responsable du PPE a déclaré à Euractiv que ce voyage était une initiative personnelle de Weber et qu’il n’était pas accompagné d’autres députés du PPE. Weber estime que la politique de voisinage de l’UE dans le sud de la Méditerranée et en Afrique du Nord a peu de résultats et nécessite une refonte. «Cela signifie nouer des relations politiques et personnelles et avoir parfois des discussions inconfortables», a déclaré le responsable du PPE.

Positionnement pré-électoral

Le parti de centre-droit cherche également à se positionner comme étant le mieux placé pour lutter contre la migration irrégulière vers l’Europe. «Nous avons besoin d’un engagement respectueux et nous devons être conscients du peu d’amis que l’UE a dans la région sud de la Méditerranée», a déclaré le responsable du PPE, ajoutant : «Nous devons développer ces partenariats.»

Lors de sa rencontre avec Saïed, le leader du PPE a exhorté le président tunisien à aller plus loin dans les réformes économiques pour encourager les investisseurs européens et a insisté sur le respect du protocole d’accord conclu avec l’UE à la mi-juillet.

Ce voyage intervient alors que le PPE commence à préparer les élections européennes de juin prochain, où la migration devrait être l’une des principales questions politiques de la campagne électorale.

«Les citoyens européens sont préoccupés par la migration et nous voulons nous différencier de l’approche de l’extrême droite sur ce sujet. Nous voulons résoudre ces problèmes afin que les gens puissent voir que les États traitent la migration irrégulière de manière responsable», a déclaré le responsable du PPE.

Dirigés par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et les premiers ministres néerlandais et italien Mark Rutte et Giorgia Meloni, les dirigeants de l’UE ont négocié un accord avec Saïed en juin et juillet qui verra la Tunisie intensifier ses efforts pour contrôler et endiguer les flux migratoires à travers la mer Méditerranée. En échange, la Commission fournira cette année 785 millions d’euros à ce pays d’Afrique du Nord pour soutenir son économie et ses projets de câbles sous-marins à fibre optique et électriques entre l’UE et l’Afrique du Nord.

Le casse-tête des droits de l’homme

L’exécutif européen, avec le soutien des gouvernements nationaux, souhaite que l’accord tunisien soit un modèle pour des accords similaires avec l’Égypte et d’autres États d’Afrique du Nord.

Fin juillet, une lettre adressée à von der Leyen, signée par un groupe multipartite de députés européens comprenant plusieurs députés du PPE, déplorait que l’accord UE-Tunisie «ne réponde pas aux principales préoccupations en matière de droits de lhomme observées en Tunisie».

Ils ont également demandé quelles mesures la Commission prendrait pour garantir que le financement ne profite pas aux institutions impliquées dans des violations des droits de l’homme, et pourquoi le protocole d’accord n’incluait pas d’exigences en faveur d’un dialogue national global ou de la libération des prisonniers politiques.

Toutefois, les responsables du Parlement affirment qu’il existe une majorité multipartite en faveur de l’accord avec la Tunisie.

«Il est plus important d’éliminer les causes [de la migration irrégulière] plutôt que de s’attaquer aux résultats», a déclaré le président Saïed à Weber lors de leur réunion au palais présidentiel de Carthage, ajoutant que l’UE et la Tunisie doivent travailler ensemble pour «faire face aux réseaux criminels qui font le trafic des êtres humains au nord et au sud de la Méditerranée».

Traduit de l’anglais.

Source : Euractiv.

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