Les lignes courbes de Dieu est un bon film espagnol adapté d’un roman paru en 1979 et disponible sur Netflix. Un thriller assez classique, mais prenant, qui mérite d’être regardé.
Par Mohamed Sadok Lejri *
C’est l’histoire d’Alice Gould, une détective privée chargée d’enquêter sur la mort d’un patient d’un hôpital psychiatrique. Afin de mener son enquête au sein de l’asile, elle va se faire interner sous une fausse identité, en se faisant passer pour une femme paranoïaque. Mais le plan qu’elle a minutieusement conçu ne tardera pas à se retourner contre elle.
Un film à l’allure hitchcockienne
Le scénario est bien ficelé. La construction du film est fluide et s’organise à partir d’une analyse dialectique d’Alice Gould : le discours des médecins, notamment du directeur de la clinique, Samuel Alvar qui voit en Alice un cas pathologique, s’oppose à celui de la détective qui refuse qu’on mette en doute sa santé mentale.
Les lignes courbes de Dieu nous tient en haleine pendant plus de deux heures.
En effet, les révélations inattendues et les retournements de situation se multiplient au cours du film au point de ne plus savoir qui croire et en qui avoir confiance.
C’est un film à l’allure hitchcockienne qui est rempli de rebondissements et d’un suspense captivant. Il sème le doute dans ce qui paraissait jusqu’alors évident. La fin produit l’effet d’une secousse un peu brusque. Et les acteurs, notamment la protagoniste du film interprétée par Barbara Lennie, sont bons.
L’on peut, cependant, reprocher au film d’entretenir l’idée que les psychiatres sont des êtres cyniques et froids, des hommes en blouse blanche, insensibles et qui ne sont bons qu’à transformer leurs patients en loques humaines. Dans ce énième film situé dans un univers psychiatrique, les médecins sont, une fois de plus, perçus sous un angle caricatural.
L’enfermement abusif
En revanche, certaines scènes du film, comme celle où l’on voit le portrait de Franco remplacé par celui de Juan Carlos, ou la scène sordide des malades mentaux entassés dans des cages tels des animaux, nous rappellent que certains sujets durs n’ont toujours pas été/n’ont pas été assez explorés par le cinéma espagnol jusqu’à ce jour; à savoir l’enfermement abusif et la relégation des handicapés mentaux à l’écart de la société sous l’ère franquiste.
En outre, j’ai vraiment apprécié les clins d’œil du réalisateur aux deux chefs-d’œuvre, en l’occurrence Shining de Stanley Kubrick et Vol au-dessus d’un nid de coucou de Milos Forman, qui ont largement contribué à faire de la folie et de l’univers psychiatrique un objet cinématographique à part entière. La scène qui se déroule sur la chanson Summer Wine de Nancy Sinatra et Lee Hazlewood est également un pur régal; c’est quasiment un beau clip que l’on a intégré subtilement au film.
Enfin, je ne voudrais pas achever ce texte sans vous informer que le réalisateur de ce long-métrage est Oriol Paulo, qui n’est autre que le réalisateur de l’excellente mini-série Innocent. Ce qui n’est pas pour nous déplaire.
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