Tunisie : Kaïs Saïed s’attaque à l’indépendance des médias publics

Lors d’une réunion, lundi 18 septembre 2023, au Palais de Carthage, avec le chef du gouvernement Ahmed Hachani, le ministre de l’Intérieur Kamel Feki et la ministre de la Justice Leila Jaffel, le président de la république Kaïs Saïed s’est attaqué à la ligne éditoriale des deux chaînes de télévision publiques Watanya 1 et Watanya 2. Vidéo.

Le chef de l’Etat, qui évoquait le télé-journal de 20 heures du dimanche 17 septembre, a estimé que les journalistes ont passé sous silence des événements importants survenus ces derniers temps, faisant remarquer qu’«ils commencent le bulletin d’information quotidien en parlant de la hausse des prix de la rentrée scolaire et des jardins d’enfants et des crises qui pourraient exister ou n’être que le fruit de l’imagination afin d’attiser les tensions dans le pays», dans ce qui s’apparente à une accusation de diffusion de fausses informations et de manipulation de l’opinion dans le cadre d’un complot politique.          

Le chef de l’Etat a reproché à la chaîne Watanya 1 de n’avoir pas parlé des opérations menées par les forces sécuritaires et militaires, samedi et dimanche, pour nettoyer le centre-ville de Sfax de la présence des migrants subsahariens, estimant que ces forces «ont accompli une mission sans précédent de démantèlement des réseaux criminels qui font la traite des personnes et le trafic des organes».

 «Tout cela n’a pas trouvé place dans les deux chaînes nationales, la première et la seconde, alors que des photos et des vidéos relatives à ces faits leur ont été remises», a déploré le président Kaïs Saïed, en avertissant que «des mesures seront prises pour que ces deux chaînes deviennent au minimum nationales et ne se dérobent pas derrière le prétexte d’une soi-disant ligne éditoriale».

«Nous voulons libérer la nation et ils doivent s’associer à cette œuvre de libération nationale et non suivre ceux qui cherchent à hypothéquer la nation», a lancé le président, en direction des journalistes de la télévision nationale, ne faisant pas mystère de sa volonté de mettre les médias publics sous l’autorité directe de la présidence de la république, afin d’en faire des médias gouvernementaux comme au bon vieux temps de la dictature, sous Bourguiba et Ben Ali, en les transformant en des organes de propagande au service du gouvernement.

I. B.

 

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