Le Groupe Tawhida Ben Cheikh a organisé ce jeudi 28 septembre 2023, une conférence de presse à Tunis sur le thème: «Légalisation de l’avortement en Tunisie, 50 ans après : défendons nos acquis ! Garantir aux femmes leurs droits sexuels et reproductifs et l’autonomie corporelle».
La Tunisie a été un pays pionnier en matière de droits sexuels et reproductifs avec un programme de planification familiale (PF) établi en 1973 et la légalisation de l’avortement par le décret de loi issu le 26 septembre 1973 (article 214 du Code pénal).
Puis en 2001 l’introduction de l’avortement médicamenteux devenue la méthode majoritaire dans les structures publiques a permis d’améliorer la qualité des prestations d’avortement.
La Tunisie a reçu plusieurs prix internationaux pour la qualité et l’innovation de son programme de santé sexuelle et reproductive.
Toutefois, la santé sexuelle et reproductive des femmes connaît une détérioration comme le confirme les témoignages des femmes et les statistiques officielles.
Les ruptures de stocks de moyens contraceptifs répétés et des produits d’avortement médicamenteux découragent les utilisatrices.eurs et les privent des services inscrits en tant que droit dans la constitution. A ceci s’ajoutent les constats de refus d’avortement dans les structures publiques et privées ainsi que le relâchement de la vigilance par rapport aux violations des droits de l’autonomie corporelle, documentés par le nombre croissant des incidents et crimes liés aux assauts sexuels et aux féminicides.
L’environnement social a également subi de grands changements, notamment parmi les jeunes.
Cette journée de commémoration du 50ème anniversaire visait àfaire le bilan en fournissant un aperçu des progrès accomplis depuis la légalisation de l’avortement en Tunisie tout en évaluant les défis actuels et les obstacles législatifs, sociaux et culturels.
Elle visait aussi, à informer la société sur les réalités actuelles concernant le droit à l’avortement en Tunisie et les défis auxquels les femmes sont confrontées, en soulignant la nécessité d’une vigilance accrue. Ainsi qu’à renforcer la solidarité et unir les voix et les efforts des différents acteurs, y compris les organisations de la société civile, les défenseurs des droits des femmes, les médias et les institutions, pour travailler ensemble en faveur de l’avancement des droits à l’avortement.
Ont pris part à la conférence, pour témoigner de leurs expériences, Nessryne Jelalia, membre du bureau exécutif d’Al Bawsala et activiste féministe, qui a modéré le débat, Dr. Hedia Belhadj, présidente Groupe Tawhida Ben Cheikh, qui a parlé des «Changements sociaux et culturels chez les jeunes en Tunisie»; Dr. Selma Hajri, secrétaire générale du Groupe Tawhida Ben Cheikh qui a présenté des «Témoignages et documentation de la régression de l’accès aux services d’avortement en Tunisie»; et Pr. Héla Chelli, gynéco-obstétricienne qui a parlé de l’«Accès des femmes à l’avortement y compris dans le privé : lacunes et actions nécessaires».
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