Après la déclaration du président Kaïs Saïed, le 2 octobre, selon laquelle «la Tunisie, qui accepte la coopération, n’accepte rien qui ressemble à de la charité ou à de l’aumône», le ministère des Affaires étrangères en a remis une couche en affirmant dans un communiqué publié mercredi 4 octobre que les autorités tunisiennes n’ont pas donné leur accord au décaissement de 60 millions d’euros d’appui budgétaire de l’Union européenne (UE).
Cette précision, qui fait suite à l’annonce, dans la même journée, du décaissement de cette somme, tient lieu de fin de non-recevoir et met un bémol au mémorandum d’accord sur la migration signé en juillet dernier entre la Tunisie et l’UE et qui prévoyait une aide financière européenne d’un peu plus de 1,1 milliard d’euros, dont un prêt de 900 millions d’euros conditionné par la finalisation de l’accord de prêt de 1,9 milliard de dollars convenu avec le Fonds monétaire international (FMI).
Comment expliquer cette saute d’humeur de la Tunisie? On pourrait y voir une exaspération de la part président Kaïs Saïed face aux atermoiements de l’UE et son manque d’engagement en faveur de l’accord signé avec la Tunisie, d’autant que cet accord continue de susciter des polémiques en Tunisie et d’achopper à l’opposition de certains pays européens.
La Tunisie est persuadée d’avoir trop donné et de s’être fortement engagée dans la lutte contre la migration irrégulière sans être récompensée en retour, alors que des voix continuent de s’élever en Europe pour dénoncer ce qu’elles appellent «l’externalisation des frontières européennes en Tunisie» et de critiquer un accord contracté avec un «régime autoritaire et hostile aux droits de l’Homme».
I. B.
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