Tunisie : le soutien à la cause palestinienne a-t-il faibli ?

Des milliers de personnes, entre 2500 et 3000 selon différentes sources, sont descendues dans la rue à Tunis, jeudi 12 octobre 2023, pour manifester leur soutien à la résistance du peuple palestinien.

D’autres manifestations similaires ont eu lieu à Gabès, Bizerte, Kébili, Nabeul, Sfax et Sousse. Mais elles n’ont pas été spectaculaire.

Anticipant d’éventuels dérapages des foules, comme fut le cas en septembre 2012, lorsque ses bâtiments ont été attaqués par des manifestants, l’ambassade des Etats-Unis à Tunis a fermé ses services courants par mesure de précaution. Elle redoutait une forte mobilisation populaire à cette manifestation organisée à l’appel du puissant syndicat tunisien UGTT, et d’autres forces politiques et sociales, ainsi que diverses organisations de la société civile… mobilisation qui n’eut finalement pas lieu, en tout cas, elle n’a pas eu l’ampleur espérée par les organisateurs.

En effet, la participation à la manifestation a été jugée relativement faible, en comparaison avec le soutien historique des Tunisiens à la cause palestinienne. On peut l’imputer à l’affaiblissement des différents acteurs politiques et sociaux en Tunisie depuis la proclamation de l’état d’exception le 25 juillet 2021 par le président de la république Kaïs Saïed. Lequel incarne désormais, à la fois, aux yeux de beaucoup des Tunisiens, le pouvoir qu’il a totalement accaparé, et l’opposition, qu’il a marginalisée voire écrasée sous le poids des procès politiques.

Par ailleurs, le fait que les Tunisiens font face à la plus grave crise économique et financière de leur histoire contemporaine est également pour beaucoup dans ce manque d’engagement populaire dans une manifestation de rue. D’autant que les réseaux sociaux sont considérés aujourd’hui comme le principal espace d’expression politique pour un grand nombre de jeunes et de moins jeunes. Mais ces réseaux, largement contrôlés par les lobbys sionistes, sont aujourd’hui en partie censurés et les contenus propalestiniens ou critiques à l’égard d’Israël n’y sont plus admis.

I. B.

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