Conjoncture : la Banque centrale de Tunisie positive, malgré les clignotants rouges   

Le conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie a décidé, mercredi 18 octobre 2023, de maintenir le taux directeur de la BCT inchangé à 8%. Et c’était attendu, car ce taux est déjà très élevé et assez prohibitif et une nouvelle hausse aurait choqué les investisseurs, enfin les quelques irréductibles qui n’ont pas encore perdu totalement confiance dans l’économie tunisienne.

Une nouvelle hausse du taux directeur aurait également choqué parce que le taux d’inflation s’est «stabilisé» à 9% (en septembre), qui reste un élevé, mais gérable, étant donné que la consommation a baissé par la force des choses, l’économie fonctionnant au ralenti avec une croissance atone. Et si le taux d’inflation s’est stabilisé autour de 9% c’est parce que les importations ont enregistré ces derniers mois une décélération, non par décision délibérée de la gérance, par parce que la production industrielle stagne elle aussi et que le pays importe moins d’intrants. Ce qui est loin d’être un signe réconfortant…

Cela dit, au terme de sa réunion de mercredi, le CA de la BCT a fait savoir, dans son communiqué, que le niveau actuel du taux directeur soutiendrait une décélération continue de l’inflation dans la période à venir, d’où la décision de maintenir ce taux inchangé.

La BCT a, par ailleurs, mis l’accent sur l’impératif d’accélérer le processus de mise en place des réformes, «seule voie vers une reprise d’une croissance saine, durable et inclusive capable de préserver les équilibres globaux de l’économie», et ce malgré la résilience dont a fait preuve l’économie tunisienne ces dernières années.

Selon la banque, les derniers indicateurs conjoncturels disponibles se sont relativement améliorés, estimant que ce renforcement a pour origine le regain de dynamisme du secteur touristique et des activités connexes ainsi que la bonne tenue des industries exportatrices.

Néanmoins, l’aggravation du stress hydrique persistant a continué à peser significativement sur la trajectoire de la croissance économique, prévient la même source.

S’agissant du secteur extérieur, le Conseil note une réduction notable du déficit courant qui s’est établi à 3.461 MDT (ou 2,2% du PIB), à fin septembre 2023, contre un déficit de 10.387 MDT (ou 7,2% du PIB) une année auparavant.

Cette atténuation porte la marque de la poursuite de la réduction du déficit commercial, qui s’est élevé au terme du mois de septembre 2023, à 11,6 milliards de dinars contre 17 milliards à fin septembre 2022. ,

Également, la balance des opérations courantes a profité de la bonne performance des recettes touristiques et des revenus du travail. Cette dynamique a favorisé une consolidation des réserves de change, qui se sont élevées à 26,6 milliards de dinars (ou 119 jours d’importation), au 16 octobre 2023 contre 22,9 milliards à fin 2022.

Concernant les prix à la consommation, et après avoir enregistré une reprise en août, l’inflation a poursuivi sa tendance baissière amorcée depuis le mois de mars 2023, pour s’établir à 9% (en glissement annuel). Cette évolution reflète la poursuite de la détente graduelle du rythme de progression de l’inflation sous-jacente «hors produits alimentaires frais et produits à prix administrés» (8,8% après 8,9% en août).

Les récentes projections de la Banque centrale tablent sur une poursuite de la décélération graduelle de l’inflation, en 2023 voire au-delà. Néanmoins, plusieurs facteurs de risques inflationnistes resteraient actifs et pourraient entraver le processus désinflationniste. Ils pourraient dériver, notamment, d’une hausse excessive des prix internationaux et de l’accentuation du stress hydrique.

Sur le plan international, la détente graduelle des prix à la consommation se poursuit dans les principales économies, indique la BCT. Le ralentissement de la demande a atténué les pressions sur la formation des prix et a favorisé une décélération de l’inflation. Néanmoins, les risques autour d’une reprise des tensions sur les prix internationaux, émanant de l’aggravation des crises géopolitiques, pourraient entraver le processus désinflationniste à l’échelle mondiale. Le durcissement des conditions financières pourrait se poursuivre sur une période prolongée afin de soutenir le retour de l’inflation aux cibles des banques centrales.

I. B.

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