Cet article devrait plaire au président Kaïs Saïed qui a récemment qualifié, et à juste titre, le tourisme tunisien de «tourisme dortoir» en raison essentiellement de l’offre all inclusive qui y domine. Et à laquelle les professionnels restent attachés, alors qu’elle est responsable de la détérioration de l’image même de la destination.
Par Habib Glenza
Les touristes qui choisissent ce type de séjour passent leurs vacances enclavés dans un hôtel-dortoir jusqu’à leur départ. Ils sont nourris, blanchis et profitent du soleil et des plages au sable fin du matin au soir. A la tombée de la nuit, en leur présente un spectacle nauséabond qui n’informe aucunement sur la culture et les traditions locales.
Le touriste étranger qui arrive en Tunisie avec cette «miraculeuse» formule ne sort pas de l’hôtel-dortoir, ne visite rien et ne dépense rien, ce qui explique qu’il ne dépense pas plus que le séjour qu’il a acheté chez lui soit 500 à 600 DT!
Un tourisme bas-de-gamme
Ce genre de tourisme bas-de-gamme ne rapporte rien ni à l’État ni aux hôteliers ni aux réceptifs ni aux artisans. Et pourtant nous disposons d’une gamme très riche de prestations et de services mal exploités : culture, archéologie, nature, sport, santé (en matière de SPA, notre pays est classé deuxième derrière la France), etc.
A cet égard, le tourisme marocain est un exemple de tourisme rentable que l’on doit suivre.
Levier majeur du développement économique national, le tourisme au Maroc attire grandement grâce au patrimoine culturel du pays. Riche de ses divers monuments historiques et d’un patrimoine culturel authentique, le royaume a en effet développé une offre attrayante pour ses visiteurs.
En marge du Forum méditerranéen du tourisme (Meditour 2023), mardi 24 octobre 2023, à Fès, le président de la Fondation nationale des musées (FNM), Mehdi Qotbi, a fait savoir que 70% des touristes qui viennent au Maroc sont intéressés par la culture, qui occupe une place centrale dans l’attractivité du pays.
«La culture peut aussi attirer, inspirer des idées et développer un écosystème», a-t-il dit, tout en mettant l’accent sur l’importance de l’ouverture prochainement du Musée des arts de l’islam au palais Batha à Fès.
Le Maroc choisit une autre voie
De son côté, la ministre du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, Fatima-Zahra Ammor, qui s’exprimait à l’ouverture de ce forum, a indiqué que le secteur touristique représente actuellement 7% du PIB du Maroc et a enregistré quelque 93 milliards de dirhams de recettes en devises en 2022 soit 9 milliards de dollars ou 27 milliards de dinars tunisiens avec plus de 11 millions touristes, à comparer avec les 4,2 milliards de dinars engrangés par le secteur en Tunisie pour 5,7 millions de visiteurs, soit la moitié du Maroc. Y a pas photo, dirait l’autre…
Organisée en partenariat avec l’Association des chambres de commerce et d’industrie de la Méditerranée (Ascame) sous le thème : «Investissements, cultures et innovation : le tourisme méditerranéen de demain», ce forum sera clôturé aujourd’hui. Il vise à mettre en valeur la richesse culturelle et touristique de l’espace méditerranéen qui accueille plus de 30% des touristes du monde.
La Coupe du monde de football que le Maroc organisera en 2030, en association avec l’Espagne et le Portugal, donnera une impulsion à un tourisme marocain en très bonne santé et qui bénéficiera de l’effet de levier des synergies qu’il saura développer avec la péninsule ibérique.
Reste à savoir quelle sera la stratégie du ministère du Tourisme tunisien pour les années à venir, si tant est qu’il en vraiment une qui dépasse le stade des incantations et des inchallahs, et s’il ne va pas continuer à brader les prix et, par conséquent, à dévaluer la destination et la qualité des produits et des services. C’est à croire que nos professionnels du tourisme sont des gagne-petit, qu’ils manquent d’imagination et ne savant pas faire autrement.
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