Guerre Israël-Gaza : quand la justice française se discrédite

 Le 12 octobre dernier, le parquet national antiterroriste français avait annoncé avoir ouvert une enquête préliminaire contre le Hamas, notamment pour assassinats en relation avec une entreprise terroriste. Depuis d’autres plaintes ciblant le Hamas ont été déposées en France, l’une d’entre elles pour crimes contre l’humanité. Pas moins ? Surréaliste…

Par Lahouari Addi *

La justice française se discrédite si elle s’implique dans un conflit politique se déroulant à l’étranger, et où elle ne condamnerait qu’un protagoniste.

Le Hamas a en effet tué 1 100 personnes civiles (les 300 autres étant des militaires), et c’est un crime de guerre. Mais l’armée israélienne a tué à ce jour plus de 10 000 personnes **, et si la justice la déclare coupable en cas de plainte, la France devrait demander l’extradition des généraux israéliens sous peine de rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.

C’est ubuesque et c’est irréel. Le droit a ses limites. La solution à un conflit politique est politique et non juridique. L’instrumentalisation de la justice française à des fins politiques fait perdre à celle-ci sa neutralité et sa respectabilité.

Cette plainte est irrecevable dans le cadre du droit interne même dans le cas de la clause de la compétence universelle. Par contre, elle est recevable au niveau des organisations de l’Onu. Le problème est qu’Israël viole constamment les résolutions de l’Onu et le droit international.

L’arroseur arrosé.

Professeur à l’Institut d’études politiques de Lyon, chercheur au Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo).

** Sans compter les centaines de disparus dont les corps sont encore sous les décombres des immeubles rasés par les bombardements de l’armée israélienne.

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