La responsabilité des marques automobiles en Tunisie

La vague de rappels massifs de véhicules par de grandes marques automobiles, enregistrées ces dernières années, soulève des questions urgentes concernant la responsabilité des représentants des grandes marques automobiles en Tunisie. Et souligne la nécessité d’une réglementation plus stricte pour protéger les consommateurs locaux face aux intérêts des mastodontes du secteur.

Par Leith Lakhoua *

Ces rappels massifs, dont se sont alarmés les médias à travers le monde, ont non seulement mis en lumière des failles majeures dans la qualité des produits, mais ont également révélé une défaillance dans le système de protection des consommateurs.

Face à cette situation, il est impératif de reconsidérer le rôle et les obligations des distributeurs automobiles dans notre pays.

Quid de la responsabilité des distributeurs ?

Le rappel massif de véhicules est un symptôme d’un problème plus large : la négligence des standards de qualité ou de sécurité par les constructeurs automobiles. Cette situation est aggravée en Tunisie par le fait que les distributeurs locaux n’assument pas – ou pas assez – la responsabilité des défaillances imputables aux constructeurs. Les consommateurs se retrouvent lésés, portant le poids financier et émotionnel des défauts de fabrication.

Face à la complexité des démarches, qui en intimident plus d’un, de nombreux clients tunisiens hésitent à porter plainte contre les concessionnaires et, à travers eux, les constructeurs. C’est David contre Goliath. Cette réticence à agir contribue à un climat d’irresponsabilité et de manque de confiance, où ni les constructeurs ni leurs représentants chez nous n’assument les conséquences des défauts parfois dûment constatés.

La nécessaire intervention de l’État tunisien

Pour remédier à cette situation, une intervention de l’État tunisien est indispensable. Il est temps de réviser et de renforcer les cahiers de charges des concessionnaires automobiles. Une mesure clé serait d’inclure une obligation d’indemnisation pour les clients en cas de préjudice lié à des défauts de fabrication prouvés ou à des rappels dûment constatés.

Une telle réglementation forcerait les distributeurs à adopter des pratiques commerciales plus éthiques et plus responsables, tout en offrant une protection accrue aux consommateurs.

La situation actuelle des consommateurs de véhicules en Tunisie nécessite une réévaluation urgente. Les distributeurs doivent être tenus responsables des défauts des produits qu’ils vendent. Et c’est à eux de faire valoir leurs exigences de qualité auprès de leurs fournisseurs. De plus, il est impératif de renforcer la législation pour assurer une indemnisation adéquate des consommateurs lésés.

En instaurant des règles plus strictes et en encourageant les consommateurs à défendre leurs droits, la Tunisie peut garantir un environnement commercial plus juste et plus sûr pour tous.

* Expert consultant en logistique et organisation industrielle et conseiller auprès de l’Amen Bank.

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