Trois bonnes actions hebdomadaires

Construire un mur de solidarité nationale ne se limite pas à ériger des barrières physiques, mais implique surtout un engagement profond envers les valeurs fondamentales qui nous unissent en tant que peuple. C’est en nous corrigeant les uns et les autres, car aucun d’entre nous n’est parfait ni irréprochable, tout en cultivant l’amour, la compassion et la compréhension mutuelle, que nous pourrons véritablement édifier une société plus juste, plus solidaire et plus harmonieuse pour tous.

Par Khémaïs Gharbi *

Il y a plus de 75 ans, je me souviens que nous devions à l’école primaire de la rue du Trésor à Tunis, une fois par semaine, rendre compte de trois bonnes actions hebdomadaires. Une pour la famille, une pour son prochain et une pour le pays. 

Pour la famille, aider ses parents dans l’une ou l’autre des tâches à la maison. Pour son prochain, aider un aveugle à traverser ou une personne âgée à porter son couffin. Et pour le pays, apprendre ou réciter un chant patriotique.

Ces souvenirs résonnent encore dans mon esprit, alors que j’entame ma quatre-vingtième année. Ils ont enraciné en moi la solidarité familiale, l’amour de son prochain et le patriotisme. 

Ainsi, le texte d’aujourd’hui répond à ce besoin né depuis l’enfance de remplir une de mes trois bonnes actions hebdomadaires. 

Construire un mur de solidarité nationale

Construire un mur, c’est pierre par pierre, jour après jour, en le cimentant, en faisant tous les efforts nécessaires pour qu’il soit debout, résistant, pour qu’il puisse remplir sa fonction de protéger. Une famille, c’est la même chose : quand les enfants sont petits et qu’ils grandissent dans une atmosphère d’amour, de solidarité, de soutien. Alors, ils apprennent à s’aimer, à apprécier les qualités de leurs parents, de leurs frères et sœurs, cousins et cousines. Ils ne se focalisent pas à relever leurs défauts. Quand ils deviennent grands, leur famille aura grandi avec eux, avec les mêmes principes d’amour, de soutien et de solidarité, ne voyant dans les uns et les autres que leur qualité.

Un pays, c’est exactement la même chose mais à plus grande échelle. Lorsqu’on grandit dans un pays et qu’on apprend dès sa tendre enfance son histoire et ses réalisations du passé, ses performances, sa grandeur d’antan, sa culture, sa langue, ses traditions, on consolide les relations nationales et on fortifie le patriotisme et l’appartenance à un peuple. Cela nous fait comprendre son histoire et nous pousse à y participer.

Par contre, ne voir dans les siens que les défauts, les erreurs, et les citer tous les jours à tout bout de champ, comme si on avait un compte à régler avec chacune de ses réalisations pour faire douter de tout, c’est d’abord injuste et inconsidéré, mais c’est surtout destructeur. Bien des pays ont disparu en vivant ce genre de situation et l’histoire ancienne ou récente nous en donne plusieurs exemples.

S’unir dans les moments difficiles

Pour parer à ce genre de décadence, nous devons retrousser nos manches et mettre d’abord un terme à l’alimentation de l’atmosphère politique par les petites contre-vérités, les petites rumeurs, les petites flèches empoisonnées qu’on commence à lancer à chaque réveil sans même vérifier la provenance.

Il nous faut prendre conscience que notre pays traverse une période charnière où il est impératif de resserrer les rangs. Il nous faut relire notre histoire. Nous plonger dans son passé glorieux. Passer en revue le chemin qui a été parcouru pour refaire ce que nous avons réussi à faire dans le passé, l’enseigner à nos enfants, à nos petits-enfants. Être fiers de notre passé, c’est être confiants pour le présent, c’est être armé pour construire notre avenir.

Arrêtons de nous abaisser, de nous démoraliser, de ne semer que les mauvaises nouvelles, de douter de nos capacités, de nos élites, de nos dirigeants, de nos gouvernants. Critiquons leurs mauvaises actions, car cela aussi est nécessaire pour aider à corriger le parcours quand celui-ci sort de la voie, mais proposons des solutions raisonnables et réalisables, et laissons-les faire leur travail et aidons-les plutôt au lieu de leur jeter des peaux de bananes sous les pieds.

Le véritable progrès d’une nation réside dans sa capacité à s’unir dans les moments difficiles, à regarder vers l’avenir avec confiance et détermination, à cultiver un sentiment d’appartenance et de solidarité.

Nous devons être les architectes de notre destinée collective, conscients que chaque action, chaque parole, chaque pensée contribue à la construction de ce mur de solidarité nationale qui nous protège et nous élève.

En cette ère de défis sans précédent, où les menaces se font de plus en plus complexes et les enjeux de plus en plus cruciaux, il est primordial de faire preuve de résilience, d’unité et de vision à long terme. Nous devons puiser dans notre histoire commune, dans les valeurs qui ont forgé notre identité nationale, pour surmonter les obstacles et bâtir un avenir prospère pour les générations à venir.

Un héritage dont nos enfants pourront être fiers

Chaque citoyen a un rôle à jouer dans cette entreprise collective. Nous devons nous engager activement dans la vie de notre communauté, promouvoir le dialogue et le respect mutuel, et œuvrer ensemble pour un avenir meilleur.

C’est en travaillant main dans la main, malgré nos différences, en mettant de côté nos différends et nos querelles partisanes, que nous pourrons véritablement réaliser le potentiel de notre nation et offrir à nos enfants un héritage dont ils pourront être fiers.

En conclusion, construire un mur de solidarité nationale ne se limite pas à ériger des barrières physiques, mais implique surtout un engagement profond envers les valeurs fondamentales qui nous unissent en tant que peuple. C’est en nous corrigeant les uns et les autres, car aucun d’entre nous n’est parfait ni irréprochable, tout en cultivant l’amour, la compassion et la compréhension mutuelle que nous pourrons véritablement édifier une société plus juste, plus solidaire et plus harmonieuse pour tous.

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