In memoriam : Gilda Khiari, une des architectes de la Tunisie indépendante

Nous publions ci-dessous l’hommage posthume rendu par l’universitaire et écrivain à la militante Gilda Khiari qui vient de tirer sa révérence, jeudi 21 mars 2024, au lendemain de la célébration du 68e anniversaire de l’indépendance de la Tunisie, dont elle fut, très jeune, l’une des architectes. Elle avait 96 ans.

Par Cherif Ferjani

Militante du parti communiste tunisien depuis son très jeune âge, avant de connaître son feu mari Belhassen Khiari, lui-même syndicaliste et membre du parti communiste dans les années 1940-1950, elle était de tous les combats pour l’indépendance de la Tunisie, pour le progrès, pour la paix (à l’âge de 18 ans, elle a été lauréate de la Colombe d’Or de la paix pour avoir récolté le plus grand nombre de signatures en faveur de l’appel international pour la paix au lendemain de la Deuxième guerre mondiale ), pour les droits des femmes, pour la liberté et pour les droits humains.

Au lendemain de l’indépendance, elle a apporté sa contribution à l’édification d’une nouvelle Tunisie à travers les postes de responsabilité qu’elle a occupés dans les services publics et dans le ministère de la santé.

Gilda s’est illustrée par sa rigueur, son opposition aux magouilles et à la corruption. Elle en fut récompensée par sa mise à la retraite avant l’âge alors qu’elle était directrice de l’hôpital Fattouma Bourguiba à Tunis, pour avoir refusé de cautionner de faux marchés sous le ministère de Mohamed Mzali au début des années 1970.

La défunte fait partie du noyau fondateur de la section tunisienne d’Amnesty International dont elle a rejoint les groupes en 1983. Avec son mari Belhassen, sa fille Samira Khiari Boubaker, son fils Sadri Khiari, son gendre Samir Boubaker puis avec sa petite fille Donia Boubaker; c’était notre deuxième famille depuis les années 1980. Avec son départ, nous nous sentons, Claudette et moi, de nouveau orphelins.

Nous nous souviendrons toujours des moments passés avec eux dans leur maison aux UV4 à El-Menzah 6 au début des années 1980, des visites qu’elle nous a rendues à Lyon, avec Belhassen et Donia, de leur soutien lors de mon arrestation en 1983…

Nous partageons la peine de Sadri, de Samira, de Donia, de Samir, de sa nièce Pierrette, et de toute la famille Khiari-Boubaker à qui nous adressons nos condoléances attristées.

Gilda Khiari continuera à vivre avec les souvenirs qu’elle nous a laissés et que garderont d’elle tous ceux qui l’ont connue et partagé ses combats.

* Universitaire et écrivain.

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