Kaïs Saïed part en guerre contre la corruption à Tunisair (Vidéo)

Quand on veut assainir un pays que l’on dit gangrené par la corruption, une mission que s’est confiée Kaïs Saïed depuis son accession à la présidence en 2019, on ne doit pas se contenter d’ouvrir des dossiers. On doit aussi être en mesure de les mener jusqu’au bout et d’obtenir ce faisant des résultats tangibles. (Vidéo)

Par Imed Bahri

«Que ce soit clair, il n’y aura plus jamais de cession d’entreprises publiques», a martelé le président de la république, lors de son entretien, avec le PDG de Tunisair, Khaled Chelly, dans le cadre de la visite inopinée qu’il a effectuée, lundi 1er avril, à l’aéroport international de Tunis-Carthage.

Kaïs Saïed a réitéré, à cette occasion, ses positions habituelles hostiles à l’ouverture du ciel tunisien, monopole de la compagnie aérienne publique, à la concurrence extérieure, à la cession totale ou partielle des entreprises publiques, même celles souffrant de lourds déficits, conséquence d’une mauvaise gouvernance endémique, ainsi qu’à la sous-traitance, y compris au sein de cette même compagnie. Il a  souligné, à ce propos, que les agents régis par les contrats de sous-traitance perçoivent des salaires modiques de l’ordre de 570 dinars, très inférieures à ceux perçus par les chefs de ces entreprises. Et le président de la république de rappeler ce qu’il avait déjà dit en d’autres occasions, à savoir que la sous-traitance est une «forme déguisée d’esclavage et de vile marchandisation de l’effort de l’ouvrier», estimant que celui qui s’acharne à affamer les travailleurs sera considéré comme un criminel et traduit en justice.

Où est passé l’avion Amilcar ?

Le chef de l’Etat a aussi appelé à ouvrir les dossiers de corruption liés à la compagnie nationale Tunisair, en évoquant, à ce propos, celui de l’avion tunisien Amilcar qui, selon ses dires, a quitté le territoire national en 2017, sans les autorisations requises, et qui plus est, n’est plus revenu au pays. Il se trouverait, actuellement, selon lui, en Floride, aux Etats-Unis.

Saïed a, également, appelé à ouvrir en urgence le dossier de la vente à l’étranger des pièces de rechange d’avions pour la somme de 200 000 dollars, un prix en-deçà de leur valeur réelle, estimant que le but de la vente de ces pièces destinées initialement à la réparation était de baliser la voie à la cession de cette entreprise, cession à laquelle il s’oppose, bien entendu, fermement, damant ainsi le pion à l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui avait souvent enfourché ce cheval de l’hostilité à la privatisation, mais pour bien d’autres raisons : elle n’aimerait pas perdre, dans une telle opération, certains fiefs de l’activité syndicale.

Bien sûr, on aimerait bien en savoir plus sur ces questions évoquées par le président, surtout de la part du premier responsable de la compagnie, qui serait bien inspiré de tenir une conférence de presse à cet effet.

L’effet d’annonce et après ?

On aimerait aussi qu’un minimum de suivi de ces dossiers soit assuré par les principaux concernés afin que les paroles du président, qui soulève souvent des lapins, soient suivies d’effet et ne deviennent pas un vague bruit de fond redondant à souhait et auquel on ne prête plus d’attention.

On ne voudrait pas donner foi aux accusations lancées contre le chef de l’Etat selon lesquelles il multiplierait les visites inopinées dans le cadre d’une campagne présidentielle prématurée, mais on serait rassuré si, à chaque fois qu’il ouvre un dossier, celui-ci ne soit pas fermé aussitôt ou que l’on cesse d’en parler pour une raison ou une autre. Quand on veut assainir un pays que l’on dit gangrené par la corruption, mission dont se réclame à cor et à cri le président Saïed depuis son accession à la présidence en 2019, on ne doit pas se contenter d’ouvrir des dossiers. On doit aussi être en mesure de les mener jusqu’au bout et d’obtenir des résultats tangibles.

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